
Le roi Chilpéric Ier et sa troisième épouse, la reine Frédégonde

Dans les années 560, le territoire de Francie occidentale (l'actuelle France), est divisé en quatre parts et dirigé par quatre rois différents. Ces quatre rois sont frères et fils du roi Clotaire Premier, fils de Clovis, premier roi des Francs.
Ce roi eut quatre fils de deux femmes différentes et, à sa mort, il partagea son royaume en quatre royaumes pour doter chacun de ses fils. Caribert devint roi de Paris, Gontran roi d'Orléans, Sigebert roi de Reims et Chilpéric, le seul fils né de son union avec Arnegonde, reçut Soissons.
Des dissensentions naquirent très vite entre les quatre frères. Chilpéric s'attira notamment très souvent la foudre de ses frères, plutôt unis, à cause de sa soif de pouvoir et d'expansion. De plus, seul fils d'Arnegonde, alors que ses trois frères étaient nés d'Ingonde, il se trouve très souvent rejeté de la fratrie.
La faide royale opposa donc les quatres frères, mais également, deux de leurs femmes, les reines Frédégonde et Brunehilde, respectivement épouse de Chilpéric Premier et de Sigebert Premier.
Leur histoire est souvent bien plus connue que celles de leurs époux.
Tout d'abord, nous allons définir le mot faide : la faide était, dans les sociétés germaniques (franques, burgondes, par exemple), une sorte de vengeance privée et légale qui s'exercait entre deux familles ennemies. Cette pratique tend à disparaître à mesure que l'on avance dans le Moyen-Âge.
Pour contrer les faides, des systèmes de compensation furent mis en place comme le « wergeld », une somme d'argent demandée en réparation à une personne coupable de meurtre. Cela permettait, parfois, d'éviter les faides.
Cela n'empêcha pas la dynastie mérovingienne, violente par essence, de s'entre-déchirer et de se livrer à des luttes fratricides durant de très nombreuses années.
I. Frédégonde, la Reine sanguinaire
Née en Picardie, Frédégonde est une reine aux origines modestes. Elle aurait vu le jour vers 545 à Montdidier. Dotée d'une extraordinaire beauté, Frédégonde se découvrit une formidable ambition lorsqu'elle entra au service de la douce reine Audovère, épouse de Chilpéric et mère de ses héritiers. Frédégonde fut la servante de la reine, mais, déjà ses projets se formaient et elle n'escomptait pas rester au service d'Audovère toute sa vie. Très tôt, elle convoita la couche royale. Elle y parvint grâce à un acte extrêmement rusé. Quand le dernier né d'Audovère naquit, Chilpéric se trouvait au combat en Saxe avec son frère et la marraine de l'enfant tardant à arriver, Frédégonde réussit à convaincre Audovère de porter son enfant sur les fonts baptismaux. Frédégonde, en proposant cela à la reine, savait très bien ce qu'elle faisait. En effet, en portant son bébé lors du baptême, Audovère devenait alors sa marraine et la commère de son époux. Ainsi, tout rapport entre eux aurait été incestueux, le baptême instituant des liens familiaux entre les parents et les parrains et marraines (les parrain et marraine d'un enfant ne peuvent, eux aussi, s'unir, c'est un péché aux yeux de l'Eglise).

En 568, Chilpéric Premier épouse donc Frédégonde, l'ancienne servante, qui se trouve ainsi propulsée sur le trône de Neustrie.
Ils auront plusieurs enfants, dont une fille, Rigonde, que sa mère manqua tuer en 589. La jeune femme, au caractère débauché, mourra jeune, à vingt ans. Clodebert II, roi de tous les Francs, naquit de l'union de Chilpéric avec Frédégonde. Les autres garçons moururent très jeunes de maladie.
Frédégonde fut une reine redoutable doublée d'une intriguante. Elle commandita notamment les meurtres de la reine Galswinthe, en 568, du roi Sigebert, de la reine Audovère, en 580, de Clovis, le premier fils de Chilpéric, né de son mariage avec Audovère et de l'archevêque de Rouen, Prétextat. La reine mourrut en 596 ou 597 et fut enterrée à Saint-Germain-des-Prés, à Paris.
II. Brunehilde, la Reine wisigothe

Le mariage de la princesse Brunehilde avec Sigebert Ier
Brunehilde est une princesse wisigothique, née en 534 à Tolède et connue pour avoir été reine d'Austrasie de part son mariage avec Sigebert Premier, l'un des fils de Clotaire Premier. Elle se maria en 566, en même temps que sa soeur aînée, qui épouse Chilpéric.
Deux ans plus tard, la jeune reine de Neustrie est trouvée morte étranglée et Chilpéric épouse Frédégonde, l'ancienne servante de sa première épouse. Brunehilde exige alors que la mort de sa soeur soit vengée et commence alors la terrible faide royale qui va déchirer les royaumes francs jusqu'en 613.

En 576, elle parvient à séduire Mérovée, fils de Chilpéric et son neveu par alliance. Elle l'épouse, malgré le caractère incestueux du mariage.
Huit ans plus tard, Chilpéric est également assassiné, par Landry, un maire du palais de Neustrie et amant de la reine Frédégonde. Cela n'empêche pas les deux reines de continuer de se déchirer et de tenter de s'entretuer.
Brunehilde est restée dans l'Histoire comme une reine noire, à l'instar de Frédégonde. Elle fut pourtant une personne très cultivée, bien que manipulatrice et intrigante.
La reine Brunehilde mourut à un âge plutôt avancé (elle avait 66 ans environ). Elle subit un terrible supplice : attachée à la queue d'un cheval lancé au galop, elle fut ainsi mise à mort puis son corps fut brûlé.
Avec la mort des deux reines, la faide royale prit fin. Cela dit, les oppositions et les luttes familiales ne cessèrent pas néanmoins dans la royauté franque...
© Le texte est de moi, je vous demanderais donc de ne pas le copier, merci.
Pour en savoir plus :
- Les Reines Pourpres (Les Voiles de Frégédonde / Les Larmes de Brunehilde) ; Jean-Louis Fetjaine. Romans.
-La Reine Brunehaut ; Bruno Dumézil. Biographie.
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