
Même Gilbert Markham, un prospère éleveur tombé sous le charme d'Helen, commence à douter d'elle. Il est vrai qu'Eliza Millward, sa promise, ne cesse de propager des ragots sur la dame du manoir. Un drame semble inévitable...
"Je déteste parler lorsque ni sentiments ni idées ne sont échangés, lorsque personne ne peut retirer le moindre profit d'un tel échange."
Ma note : ★★★★★★★★★★
Mon avis :
Dans l'Angleterre pré-victorienne, une petite bourgade tranquille, entre mer et collines verdoyantes ( so British ! :) ), voit sa quiétude bouleversée par l'arrivée mystérieuse d'une dame, visiblement veuve et accompagnée de son petit garçon et qui s'installe dans le vieux manoir de Wildfell Hall, qui n'a plus été occupé depuis bien longtemps. Visiblement artiste, la dame vit de sa peinture et profère ce qui semble, pour les dames du village, des énormités en ce qui concerne l'éducation des enfants. Cette femme, Helen Graham, se fait rapidement détester des femmes et des jeunes filles du village qui se méfient d'elle et se demandent pourquoi le sage et gentil Mr. Lawrence s'intéresse tant à elle...Gilbert Markham, ami dudit Mr. Lawrence et paysan aisé -on pourrait dire que c'est un coq de village-, sent sa curiosité piquée par l'attitude d'Helen et son coeur touché par la beauté de la jeune dame. S'il finit, inspiré par les persifflages et les ragots colportés des jeunes femmes de son cercle, à douter d'elle, peu à peu, la vérité se fera jour et révèlera le véritable visage de Mrs. Graham. Loin d'être hautaine et froide comme on peut le croire au début du roman, on se rend compte, en même temps que Gilbert que la jeune femme, qui n'a pas trente ans, a connu bien des avanies et des embûches sur son chemin et que son calvaire ne semble pas encore prêt à prendre fin...
La Dame du Manoir de Wildfell Hall est un roman étonnamment moderne. Publié en 1848, un avant la mort de son auteure, ce roman criant de vérité montre, avec une lucidité froide mais qui n'en est que plus juste, les ravages du jeu et de la boisson sur un homme et, par conséquent, sur sa famille. Roman de l'échec amoureux, de l'échec en général et de la destruction, de la désillusion et de l'amertume, il n'en est pas moins porteur d'espoir, en la personne d'Helen, jeune femme croyante, optimiste et qui croit au rachat et au Salut de l'Homme. Mal mariée, malheureuse, maltraitée, Helen reste la figure de proue du roman, elle apparaît toujours en filigrane, comme un ange porteur d'espoir et d'avenir. Très féministe également -et en cela particulièrement avant-gardiste puisqu'il faudra attendre la fin du XIXème pour que le féminisme ne s'affirme vraiment en courant de pensée important-, le roman d'Anne Brontë brosse le portrait d'une jeune femme cultivée, intelligente, issue d'un milieu conservateur et qui n'hésite pas, pourtant, à prêter le flanc aux critiques les plus acerbes pour avoir refusé de supporter un mauvais mariage...Combien de femmes, à cette époque et même après, furent-elles mal mariées et maltraitées par des maris qui se croyaient tout-puissants et usaient de ce prétendu pouvoir du sexe fort sur le sexe faible pour rabaisser celles qu'ils prenaient pour des faire-valoir, au mieux, des ventres qui leur donneraient des enfants, aux pires, des descendantes d'Eve, respirant le mal et le péché ? Bien sûr, il ne faut pas nier que certaines femmes furent très bien mariées et heureuses en mariage, comme la reine Victoria, qui fut très heureuse avec son époux, Albert de Saxe-Cobourg-Gotha. Mais d'autres connurent très certainement le destin malheureux d'Helen Graham et toutes n'eurent sûrement pas la volonté et la détermination de s'en extirper comme l'héroïne du roman...Si Helen suscite la méfiance au début du roman, il est vrai que l'on s'attache de plus en plus à elle à mesure que l'on découvre, en même temps que Gilbert, l'autre personnage principal du roman, ce que fut son destin auprès d'un homme qu'elle avait beaucoup aimé et qui trompa finalement ses espérances juvéniles de la pire des façons. Lorsque l'on referme le roman, c'est finalement avec beaucoup de considération et d'admiration, je dirais, que l'on appréhende le destin, riche en événements, d'Helen Graham. L'héroïne respire la modernité et on pourrait presque penser que c'est aujourd'hui qu'Anne Brontë écrit, tant certaines de ses réflexions sont actuelles, comme si elle avait eu la prescience de l'avenir...
Moins romantique, plus percutant qu'Agnes Grey, La Dame du Manoir de Wildfell Hall n'en reste pas moins très marqué, comme son aîné, par la religion. Ceci dit, son côté avant-gardiste et moderne prend le pas sur cet aspect un peu plus surrané, dirons-nous et l'occulte en partie. C'est-à-dire que l'on n'est pas vraiment gêné par les différentes assertions religieuses placées dans la bouche d'Helen car le personnage n'en reste pas moins un personnage à part, différent des autres héroïnes féminines issues de la littérature anglaise classique.
C'est avec un grand plaisir que je me suis plongée dans ce roman et je n'ai pas été déçue. Servi par l'écriture lucide et juste d'Anne Brontë, qui sait être percutante et ironique quand il le faut, le roman se déroule avec une facilité déconcertante sous nos yeux. Un coup de (l) pour moi. Je conseille à tous les amoureux (ses) de classiques de le découvrir et je pense que vous ne serez pas déçus. :)
Moins romantique, plus percutant qu'Agnes Grey, La Dame du Manoir de Wildfell Hall n'en reste pas moins très marqué, comme son aîné, par la religion. Ceci dit, son côté avant-gardiste et moderne prend le pas sur cet aspect un peu plus surrané, dirons-nous et l'occulte en partie. C'est-à-dire que l'on n'est pas vraiment gêné par les différentes assertions religieuses placées dans la bouche d'Helen car le personnage n'en reste pas moins un personnage à part, différent des autres héroïnes féminines issues de la littérature anglaise classique.
C'est avec un grand plaisir que je me suis plongée dans ce roman et je n'ai pas été déçue. Servi par l'écriture lucide et juste d'Anne Brontë, qui sait être percutante et ironique quand il le faut, le roman se déroule avec une facilité déconcertante sous nos yeux. Un coup de (l) pour moi. Je conseille à tous les amoureux (ses) de classiques de le découvrir et je pense que vous ne serez pas déçus. :)
En Bref :
Les + : roman étonnamment moderne, servi par une écriture percutante et juste.
Les - : Aucun.

Partage