

Eugénie et ses dames d'honneurs par Franz Xaver Winterhalter
I. La jeunesse

La jeune impératrice Eugénie par Winterhalter
La future impératrice Eugénie voit le jour le 5 mai 1826 à Grenade. Maria Eugenia Palafox Portocarrero y Kirkpatrick de Closburn est son nom complet de baptême. Elle est en outre marquise d'Ardales et de Moya, comtesse de Teba et comtesse de Montijo. C'est, d'ailleurs, sous le nom d'Eugénie de Montijo qu'on la connaît le mieux.
Son père, don Cipriano de Palafox y Portocarrero, né en 1784, est comte de Teba et le frère cadet du comte de Montijo. Il reprendra son titre par la suite. Sous le Premier Empire, il s'était rallié à la France. En 1814, officier d'artillerie à la tete des élèves de l'Ecole Polytechnique, il participe à la bataille de Paris. Vingt ans plus tard, en 1834, il est fait Grand d'Espagne.
Sa mère, nommée Maria Manuela Kirkpatrick de Closbourn y de Grévignée, née en 1794, est une aristocrate mi-écossaise mi-espagnole. La future impératrice Eugénie a une soeur aînée, Maria Francisa de Sales, née en 1825. Fuyant les soubresauts des guerres carlistes, leur mère quitte l'Espagne en 1834 avec ses deux filles dans ses bagages : l'aînée a neuf ans, la cadette, huit. Elles séjournent notamment à Biarritz, où Eugénie reviendra, une fois impératrice. Mais c'est à Paris, au couvent du Sacré-Coeur, que la petite fille reçoit son éducation : elle s'inscrit tout à fait dans la traditionnelle formation catholique dispensée à l'aristocratie à cette époque. En 1839, Eugénie et Maria Francisca, surnommée Paca, perdent leur père. Elles sont un peu plus tard confiées à Stendhal par leur mère, pour que l'écrivain leur apprennne l'Histoire et surtout, des anecdotes sur le règne de Napoléon Ier, qu'il a connu. Mérimée, lui, se charge du français. C'est un grand ami de la comtesse de Montijo. Eugénie grandit et commence doucement à s'initier à la vie mondaine parisienne...
Elle a vingt-trois ans, en 1849, quand elle rencontre pour la première fois le président de la République française, Louis-Napoléon Bonaparte, dans l'hôtel de Mathilde Bonaparte. Elle a ensuite l'occasion de le revoir plusieurs fois lors de réceptions à l'Elysée. Aussitôt, le futur Napoléon III, qui est un grand amateur de femme, est séduit. Il faut dire qu'Eugénie est une très jolie jeune femme. Il va entreprendre auprès d'elle une cour assidue qui dure deux ans. Mais la comtesse de Montijo est là et veille au grain. En France, on considère le possible mariage entre Napoléon et Eugénie avec beaucoup de nuances. En effet, les familiers de l'empereur (il l'est devenu en 1851) préférerait qu'il s'unisse avec une famille royale régnante comme l'avait fait son oncle Napoléon Ier en épousant la fille de François Ier d'Autriche, Marie-Louise.
Un soir de bal, la jeune Espagnole se voit traitée d'aventurière par l'épouse d'un ministre. L'incident renforce la volonté de l'empereur de l'épouser.
Son père, don Cipriano de Palafox y Portocarrero, né en 1784, est comte de Teba et le frère cadet du comte de Montijo. Il reprendra son titre par la suite. Sous le Premier Empire, il s'était rallié à la France. En 1814, officier d'artillerie à la tete des élèves de l'Ecole Polytechnique, il participe à la bataille de Paris. Vingt ans plus tard, en 1834, il est fait Grand d'Espagne.
Sa mère, nommée Maria Manuela Kirkpatrick de Closbourn y de Grévignée, née en 1794, est une aristocrate mi-écossaise mi-espagnole. La future impératrice Eugénie a une soeur aînée, Maria Francisa de Sales, née en 1825. Fuyant les soubresauts des guerres carlistes, leur mère quitte l'Espagne en 1834 avec ses deux filles dans ses bagages : l'aînée a neuf ans, la cadette, huit. Elles séjournent notamment à Biarritz, où Eugénie reviendra, une fois impératrice. Mais c'est à Paris, au couvent du Sacré-Coeur, que la petite fille reçoit son éducation : elle s'inscrit tout à fait dans la traditionnelle formation catholique dispensée à l'aristocratie à cette époque. En 1839, Eugénie et Maria Francisca, surnommée Paca, perdent leur père. Elles sont un peu plus tard confiées à Stendhal par leur mère, pour que l'écrivain leur apprennne l'Histoire et surtout, des anecdotes sur le règne de Napoléon Ier, qu'il a connu. Mérimée, lui, se charge du français. C'est un grand ami de la comtesse de Montijo. Eugénie grandit et commence doucement à s'initier à la vie mondaine parisienne...
Elle a vingt-trois ans, en 1849, quand elle rencontre pour la première fois le président de la République française, Louis-Napoléon Bonaparte, dans l'hôtel de Mathilde Bonaparte. Elle a ensuite l'occasion de le revoir plusieurs fois lors de réceptions à l'Elysée. Aussitôt, le futur Napoléon III, qui est un grand amateur de femme, est séduit. Il faut dire qu'Eugénie est une très jolie jeune femme. Il va entreprendre auprès d'elle une cour assidue qui dure deux ans. Mais la comtesse de Montijo est là et veille au grain. En France, on considère le possible mariage entre Napoléon et Eugénie avec beaucoup de nuances. En effet, les familiers de l'empereur (il l'est devenu en 1851) préférerait qu'il s'unisse avec une famille royale régnante comme l'avait fait son oncle Napoléon Ier en épousant la fille de François Ier d'Autriche, Marie-Louise.
Un soir de bal, la jeune Espagnole se voit traitée d'aventurière par l'épouse d'un ministre. L'incident renforce la volonté de l'empereur de l'épouser.
II. Le mariage et l'accession au trône

L'un des portraits les plus célébres d'Eugénie
Le 22 janvier 1853, devant le Sénat, le Corps législatif et le Conseil d'Etat, l'empereur déclare :
« Celle qui est devenue l'objet de ma préférence est d'une naissance élevée. Française par le c½ur, par l'éducation, par le souvenir du sang que versa son père pour la cause de l'Empire, elle a, comme Espagnole, l'avantage de ne pas avoir en France de famille à laquelle il faille donner honneurs et dignités. Douée de toutes les qualités de l'âme, elle sera l'ornement du trône, comme, au jour du danger, elle deviendrait un de ses courageux appuis. Catholique et pieuse, elle adressera au ciel les mêmes prières que moi pour le bonheur de la France ; gracieuse et bonne, elle fera revivre dans la même position, j'en ai le ferme espoir, les vertus de l'Impératrice Joséphine. »
Je viens donc, Messieurs, dire à la France : J'ai préféré une femme que j'aime et que je respecte, à une femme inconnue dont l'alliance eût eu des avantages mêlés de sacrifices. Sans témoigner de dédain pour personne, je cède à mon penchant, mais après avoir consulté ma raison et mes convictions. »
Le lendemain, à huit heures du soir, l'acte du mariage civil est enregistré au palais des Tuileries.
Sept jours plus tard, Napoléon III épouse Eugénie de Montijo, à Notre-Dame le 30 janvier 1853. A cette occasion, l'empereur a signé 3000 ordres de grâce et annonce que toutes les dépenses occasionnées par le mariage seront financées par sa liste civile. Eugénie, quant à elle, refuse une parure de diamants offerte par la Ville de Paris et demande à ce que la somme correspondante serve à l'édification d'un orphelinat. Cet orphelinat, dont l'architecte est Jacques Hittorff, sera édifié sur l'ancien marché à fourrages du Faubourg Saint-Antoine, dans le XIIème arrondissement.
La lune de miel de l'empereur et de la nouvelle impératrice a lieu non loin de Paris, au parc de Villeneuve-l'Etang, précisément, qui se trouve à Marnes-la-Coquette, au coeur même du Domaine National de Saint-Cloud. Quelques semaines plus tard, Eugénie est déjà enceinte mais l'enfant ne verra pas le jour : elle le perd à la suite d'une chute de cheval.
Je viens donc, Messieurs, dire à la France : J'ai préféré une femme que j'aime et que je respecte, à une femme inconnue dont l'alliance eût eu des avantages mêlés de sacrifices. Sans témoigner de dédain pour personne, je cède à mon penchant, mais après avoir consulté ma raison et mes convictions. »
Le lendemain, à huit heures du soir, l'acte du mariage civil est enregistré au palais des Tuileries.
Sept jours plus tard, Napoléon III épouse Eugénie de Montijo, à Notre-Dame le 30 janvier 1853. A cette occasion, l'empereur a signé 3000 ordres de grâce et annonce que toutes les dépenses occasionnées par le mariage seront financées par sa liste civile. Eugénie, quant à elle, refuse une parure de diamants offerte par la Ville de Paris et demande à ce que la somme correspondante serve à l'édification d'un orphelinat. Cet orphelinat, dont l'architecte est Jacques Hittorff, sera édifié sur l'ancien marché à fourrages du Faubourg Saint-Antoine, dans le XIIème arrondissement.
La lune de miel de l'empereur et de la nouvelle impératrice a lieu non loin de Paris, au parc de Villeneuve-l'Etang, précisément, qui se trouve à Marnes-la-Coquette, au coeur même du Domaine National de Saint-Cloud. Quelques semaines plus tard, Eugénie est déjà enceinte mais l'enfant ne verra pas le jour : elle le perd à la suite d'une chute de cheval.
III. L'impératrice

La famille impériale : Napoléon III, Eugénie et le petit prince Louis Napoléon
Ce n'est que deux ans plus tard que l'impératrice mène enfin une grossesse à terme. Par chance, l'enfant qui naît le 16 mars 1856, est un garçon. Ce sera leur fils aîné. Il se nomme Louis Napoléon, comme son père. L'évènement permet à l'empereur d'amnistier encore des condamnés, cette fois, ce sont les proscrits du 2 décembre qui obtiennent la grâce royale. Pendant ce temps, 600 000 parisiens se cotisent pour offrir un cadeau à la jeune mère. Le 17 au matin, une journée après la naissance de l'héritier, une salve de cent un coups de canon annonce officiellement la naissance impériale à la France. Tous les enfants nés le même jour que le petit Louis Napoléon seront les filleuls de Napoléon III et Eugénie. Seuls les enfants légitimes, cependant, se voient gratifiés de cette distinction. 3000 enfants furent ainsi pensionnés.
L'impératrice vient de donner un héritier au trône, elle a rempli sa principale mission. Le 17 juillet suivant, l'empereur, qui se trouve à Plombières-les-Bains signe les dispositions concernant la régence, qu'il confie à l'impératrice. En cas de décès de l'empereur, ce serait elle la protectrice des droits de son enfant.
Puisque les personnages historiques sont indissociables de leur personnalité, on pourrait se demander quelle était celle de l'impératrice, qui apparaît souvent comme un personnage froid sur les tableaux. Très belle femme, elle fut en quelque sorte la rivale de l'impératrice Elisabeth d'Autriche, Sissi, qui était aussi célèbre pour sa beauté. Elles étaient d'ailleurs considérées comme les deux plus jolies souveraines d'Europe. Mais cette beauté va jouer des tours à Eugénie. Alors que la grâce juvénile de Sissi séduit, celle d'Eugénie, bien plus mûre, est suspecte. On prétexte son âge avancé au mariage (27 ans, à l'époque, c'est énorme) et sa beauté pour lui faire une mauvaise réputation. Celle que les opposants de Napoléon III surnomment Badinguette (en référence au surnom Badinguet, attribué à Napoléon III après son évasion du Fort de Ham) se voit ainsi gratifiée d'un épigramme plutôt malveillant et peu délicat :
L'impératrice vient de donner un héritier au trône, elle a rempli sa principale mission. Le 17 juillet suivant, l'empereur, qui se trouve à Plombières-les-Bains signe les dispositions concernant la régence, qu'il confie à l'impératrice. En cas de décès de l'empereur, ce serait elle la protectrice des droits de son enfant.
Puisque les personnages historiques sont indissociables de leur personnalité, on pourrait se demander quelle était celle de l'impératrice, qui apparaît souvent comme un personnage froid sur les tableaux. Très belle femme, elle fut en quelque sorte la rivale de l'impératrice Elisabeth d'Autriche, Sissi, qui était aussi célèbre pour sa beauté. Elles étaient d'ailleurs considérées comme les deux plus jolies souveraines d'Europe. Mais cette beauté va jouer des tours à Eugénie. Alors que la grâce juvénile de Sissi séduit, celle d'Eugénie, bien plus mûre, est suspecte. On prétexte son âge avancé au mariage (27 ans, à l'époque, c'est énorme) et sa beauté pour lui faire une mauvaise réputation. Celle que les opposants de Napoléon III surnomment Badinguette (en référence au surnom Badinguet, attribué à Napoléon III après son évasion du Fort de Ham) se voit ainsi gratifiée d'un épigramme plutôt malveillant et peu délicat :
« Montijo, plus belle que sage,
De l'empereur comble les v½ux :
Ce soir s'il trouve un pucelage,
C'est que la belle en avait deux... »
De l'empereur comble les v½ux :
Ce soir s'il trouve un pucelage,
C'est que la belle en avait deux... »
On n'a pas tort quand on loue la beauté d'Eugénie, par contre, il n'y a aucune trace d'infidélité imputable à l'impératrice. Certes, elle était d'une très grande beauté selon les canons de l'époque, elle était très libre, passionnée et séductrice et même, provocante par moment, mais toujours avec retenue. L'impératrice Eugénie nourrit également une passion pour la reine Marie-Antoinette. Elle porte, comme elle, des robes à paniers immortalisées par le peintre Franz Xaver Winterhalter, qui était le peintre favori d'Eugénie.
Maxime Du Camp, ami de Gustave Flaubert, décrit ainsi l'épouse de Napoléon III :
Maxime Du Camp, ami de Gustave Flaubert, décrit ainsi l'épouse de Napoléon III :
« Je dirais volontiers : « c'était une écuyère ». Il y avait autour d'elle comme un nuage de cold cream, de patchouli ; superstitieuse, superficielle, ne se déplaisant pas aux grivoiseries, toujours préoccupée de l'impression qu'elle produisait, essayant des effets d'épaules et de poitrine, les cheveux teints, le visage fardé, les yeux bordés de noir, les lèvres frottées de rouge, il lui manquait, pour être dans son vrai milieu, la musique du cirque olympique, le petit galop du cheval martingalé, le cerceau que l'on franchit d'un bond et le baiser envoyé aux spectateurs sur le pommeau de la cravache. »
Le futur Pierre Loti, tout jeune, vit un jour passer l'impératrice dans une voiture découverte, dans les rues de Paris et en garda lui aussi un souvenir ému, qu'il relata ensuite dans ses mémoires.
Quand est-il d'Eugénie sur le plan politique ? Est-elle une femme politique, use-t-elle d'une certaine influence ? Tout d'abord, elle est catholique ultramontaine, c'est-à-dire, qu'elle soutient le pape. Et elle aimerait donc que l'Empire soutienne le pape Pie IX, tandis que Napoléon III, lui, est favorable à la libéralisation des autres Etats Italiens. Eugénie se fait aussi défenseuse acharnée du projet du canal de Suez, contre les Anglais. En 1869, après un voyage très remarqué à Istanbul, elle se rend elle-même sur le canal et l'inaugure en présence d'autres monarques européens : parmi eux, François-Joseph, empereur d'Autriche. A Istanbul, on a construit un palais spécialement pour la recevoir : le palais de Beylerbeyi, tout au bord du Bosphore.
Après cela, elle conseille également à son époux l'invasion du Mexique, y voyant la perspective de l'émergence d'une grande puissance catholique, qui pourrait contrer l'hégémonie protestante des Etats-Unis tous proches. La création de cette monarchie permettrait aussi de donner à des princes européens un trône. Mais l'aventure va se solder par un désastre. Elle prend parti pour l'Autriche, qui se montre intéressée par le projet et se déclare contre la Prusse. C'est le frère de François-Joseph qui va devenir un éphémère roi du Mexique avant d'être exécuté par les révolutionnaires. Sa femme, épargnée, reviendra en Europe à moitié folle.
En 1865, Eugénie exerce la régence pour la première fois, lorsque l'empereur se rend en Algérie. Puis, en juillet 1870, la voilà de nouveau au pouvoir, après la déclaration de la guerre contre la Prusse.
Après cela, elle conseille également à son époux l'invasion du Mexique, y voyant la perspective de l'émergence d'une grande puissance catholique, qui pourrait contrer l'hégémonie protestante des Etats-Unis tous proches. La création de cette monarchie permettrait aussi de donner à des princes européens un trône. Mais l'aventure va se solder par un désastre. Elle prend parti pour l'Autriche, qui se montre intéressée par le projet et se déclare contre la Prusse. C'est le frère de François-Joseph qui va devenir un éphémère roi du Mexique avant d'être exécuté par les révolutionnaires. Sa femme, épargnée, reviendra en Europe à moitié folle.
En 1865, Eugénie exerce la régence pour la première fois, lorsque l'empereur se rend en Algérie. Puis, en juillet 1870, la voilà de nouveau au pouvoir, après la déclaration de la guerre contre la Prusse.
IV. L'impératrice Eugénie : une mécène, une femme coquette mais aussi engagée

Eugénie en 1880, en tenue de dueil
En effet, l'impératrice est une mécène importante. Pour autant, Eugénie ne s'élève pas contre la censure ni l'ordre moral, prêché par l'Eglise, bien au contraire. Mais elle a un rôle non négligeable dans la vie cutlurelle de la cour et de la France en général. Ainsi, elle participe à la création du style Napoléon III, encore en vogue aujourd'hui. Elle soutient son ancien professeur, Mérimée, ami de sa mère, qui est inspecteur général des monuments historiques et lui permet de devenir sénateur en 1853. Elle se fait aussi protectrice des artistes tels que Winterhalter, dont nous avons déjà parlé, mais aussi Offenbach ou encore, Waldteufel.
Vers 1865, la décoration des appartements d'Eugénie est terminée. Cette décoration, dans le goût Louis XVI et Trianon, devient un nouveau style : le Louis XVI-Impératrice, qui va pénétrer ensuite dans tous les intérieurs élégants. Pour la première fois depuis la duchesse de Berry, la belle-fille du roi Charles X, une femme impose ses goûts et ses préférences en matière de mobilier. Cette décoration, qui rappelle les fastes anciens, marque aussi la passion que l'impératrice nourrit pour la reine Marie-Antoinette. Partout, Eugénie meuble ses appartements de mobilier Louis XVI, qu'elle fait acheter sur sa propre cassette ou qu'elle fait carrément venir du Louvre ! On trouve donc sa patte dans la décoration de Compiègne, de Saint-Cloud, des Tuileries. Elle commande aussi à ses ébénistes des copies de style anciens.
Eugénie aime aussi l'art pictural et possède ainsi des aquarelles de Fortuné et Fournier, qui représentent des vues intérieures des palais impériaux. Ces ½uvres seront vendues à des musées nationaux en 1936. Elle s'intéressera aussi de près à l'édification de l'Opéra Garnier et Eugénie est aussi une jeune femme coquette et qui s'y connaît en mode. D'ailleurs, Marnes-lès-Saint-Cloud, le lieu où elle a passé sa lune de miel, deviendra par la suite Marnes-la-Coquette pour lui rendre hommage ! C'est elle qui lance la mode Second Empire et qui abandonne la crinoline.
L'impératrice possède également un goût sûr pour les bijoux. Ainsi, elle possède un diadème de perles mais aussi des bracelets et des colliers. Elle possède l'une des plus importantes collections de bijoux de l'époque. Elle aurait dépensé environ 3 600 000 francs rien que pour ses parures, ce qui est énorme. Elle dépense presque autant d'argent en bijoux qu'en ½uvres d'art !!
Eugénie va aussi lancer la mode des bains de mers, notamment sur la côte atlantique.
En ce qui concerne la cause féminine, ses amitiés dans la mouvance saint-simonienne lui permettent de la faire avancer. Par exemple, elle est personnellement intervenue pour que la Légion d'Honneur soit délivrée à Rosa Bonheur, qui est peintre et pour que le diplôme du baccalauréat de Julie-Victoire Daubié soit reconnu et signé. Elle appui aussi Madeleine Brès, jeune femme qui veut entrer à la faculté de médecine...
Vers 1865, la décoration des appartements d'Eugénie est terminée. Cette décoration, dans le goût Louis XVI et Trianon, devient un nouveau style : le Louis XVI-Impératrice, qui va pénétrer ensuite dans tous les intérieurs élégants. Pour la première fois depuis la duchesse de Berry, la belle-fille du roi Charles X, une femme impose ses goûts et ses préférences en matière de mobilier. Cette décoration, qui rappelle les fastes anciens, marque aussi la passion que l'impératrice nourrit pour la reine Marie-Antoinette. Partout, Eugénie meuble ses appartements de mobilier Louis XVI, qu'elle fait acheter sur sa propre cassette ou qu'elle fait carrément venir du Louvre ! On trouve donc sa patte dans la décoration de Compiègne, de Saint-Cloud, des Tuileries. Elle commande aussi à ses ébénistes des copies de style anciens.
Eugénie aime aussi l'art pictural et possède ainsi des aquarelles de Fortuné et Fournier, qui représentent des vues intérieures des palais impériaux. Ces ½uvres seront vendues à des musées nationaux en 1936. Elle s'intéressera aussi de près à l'édification de l'Opéra Garnier et Eugénie est aussi une jeune femme coquette et qui s'y connaît en mode. D'ailleurs, Marnes-lès-Saint-Cloud, le lieu où elle a passé sa lune de miel, deviendra par la suite Marnes-la-Coquette pour lui rendre hommage ! C'est elle qui lance la mode Second Empire et qui abandonne la crinoline.
L'impératrice possède également un goût sûr pour les bijoux. Ainsi, elle possède un diadème de perles mais aussi des bracelets et des colliers. Elle possède l'une des plus importantes collections de bijoux de l'époque. Elle aurait dépensé environ 3 600 000 francs rien que pour ses parures, ce qui est énorme. Elle dépense presque autant d'argent en bijoux qu'en ½uvres d'art !!
Eugénie va aussi lancer la mode des bains de mers, notamment sur la côte atlantique.
En ce qui concerne la cause féminine, ses amitiés dans la mouvance saint-simonienne lui permettent de la faire avancer. Par exemple, elle est personnellement intervenue pour que la Légion d'Honneur soit délivrée à Rosa Bonheur, qui est peintre et pour que le diplôme du baccalauréat de Julie-Victoire Daubié soit reconnu et signé. Elle appui aussi Madeleine Brès, jeune femme qui veut entrer à la faculté de médecine...
V. La guerre de 1870 et la chute de l'Empire

L'impératrice en 1920
En, 1870, les tensions latentes entre l'empire et la Prusse, menée par Bismarck, resurgissent à propos de la succession d'Espagne. En effet, le trône est vacant depuis près de deux ans et, le 21 juin 1870, le prince Léopold de Hohenzollern se porte candidat. Un Hohenzollern placerait la France dans un position d'encerclement intolérable, semblable à celle vécue lorsque Charles-Quint, au XVIème siècle, déjà maître du Saint-Empire romain germanique par héritage paternel, devint roi d'Espagne par héritage maternel. Cette candidature provoque des inquiétudes dans toutes les chancelleries d'Europe mais surtout en France. Malgré le retrait de la candidature, le gouvernement de Napoléon III exige un engagement écrit de renonciation définitive et une garantie de bonne conduite de la part de Guillaume Ier de Prusse. Ce dernier confirme finalement la renonciation de son cousin au trône d'Espagne mais sans pour autant se soumettre aux exigences françaises. Cependant, le chancelier Bismarck estime, lui, qu'une guerre avec la France serait l'opportunité rêvée pour que l'unification de l'Allemagne soit enfin effective. Ainsi, dans la dépêche d'Ems, il fait paraître une version tout à fait dédaigneuse de la réponse, polie, faite par Guillaume de Prusse. Cette version faussée est un véritable camouflet pour la France, d'autant plus qu'elle est diffusée partout en Europe.
Tandis qu'en Prusse, la passion anti-française s'enflamme, en France, on réclame la guerre. Bien que favorables à la paix, Napoléon III et son chef de cabinet Ollivier, qui ont fini par obtenir la vérité sur la fameuse réponse publiée dans la dépêche d'Ems, se font littéralement dépasser par ceux qui réclament la guerre avec la Prusse à corps et à cri. L'impératrice Eugénie fait partie de ceux qui veulent la guerre. Cependant, Napoléon III aurait tout de même besoin d'un succès de prestige pour redorer le trône qu'il va laisser plus tard à son fils. Il n'ose pas contrarier l'opinion majoritairement en faveur de la guerre et se laisse ainsi entraîner contre sa conviction profonde.
Finalement, la guerre est déclarée, le 19 juillet 1870, à peine un mois après la candidature de Guillaume de Prusse au trône d'Espagne. Napoléon III vient annoncer la nouvelle à ses proches, rassemblés au château de Bagatelle près de Paris. Eugénie manifeste sa joie en dansant avec son fils. L'ami du couple impérial, le marquis d'Hertford aurait dit, en voyant cette manifestation de joie : « Cette femme nous mène à la ruine ! ».
C'est vrai que la situation n'est pas à l'avantage de la France. L'armée prussienne a un contingent humain beaucoup plus important que l'armée française mais aussi matériellement, elle est plus puissante. La stratégie prussienne est, de plus, beaucoup plus assurée que celle de l'Empire puisqu'elle a été élaborée à partir de 1866.
Pendant que Napoléon III se trouve au front, l'impératrice est restée à Paris. Elle est régente de France. Elle nomme le bonapartiste autoritaire, Cousin-Montauban, comte de Palikao, à la tête du gouvernement. Sous la pression et le conseil de son épouse, Napoléon III renonce à se replier sur Paris et marche vers Metz, au secours du maréchal Bazaine, qui est encerclé par les Prussiens. Les troupes commandées par l'empereur sont elles-mêmes encerclées à Sedan par les Prussiens...le 2 septembre, l'empereur, qui n'a pu trouver la mort au milieu de ses soldats, alors que, vraisemblablement, c'est ce qu'il cherchait, dépose finalement les armes au terme de la Bataille de Sedan. Il tente ensuite de négocier les clauses de la capitulation avec Bismarck, près du village de Donchery. L'empereur est désormais prisonnier des Prussiens. Le lendemain, il part pour la Belgique et prend ensuite le train vers l'Allemagne : il sera interné au château de Wilhelmshöhe à Kassel.
Le 4 septembre, à Paris, la foule en colère envahit le Palais-Bourbon. L'impératrice Eugénie parvient à s'échapper et se réfugie chez son dentiste, le docteur Thomas W. Evans, un américain. C'est lui qui va organiser la fuite de l'impératrice vers l'Angleterre. L'Empire s'effondre par manque de soutien. L'armée et la paysannerie, soutiens traditionnels du régime, sont bien trop loin pour pouvoir le soutenir et le traumastime de la capitulation est si important que la République est finalement procalmé par Léon Gambetta, Jules Simon et d'autres députés, à l'Hôtel de Ville de Paris. Un gouvernement provisoire, le Gouvernement de la Défense nationale, est alors créé.
De son refuge anglais, le 23 octobre 1870, l'impératrice va écrire à l'empereur Guillaume Ier d'Allemagne (roi de Prusse devenu premier empereur de l'Allemagne unifiée), vainqueur de Sedan, afin qu'il renonce à l'Alsace. Le 26, le souverain répond par un refus...en 1917, 47 ans plus tard, les Alliés font savoir à la France qu'il n'est pas question de lui restituer de façon inconditionnelle l' Alsace et la Lorraine, considérés comme territoires allemands. Même des socialistes français adoptent ce point de vue. C'est alors que la vieille impératrice adresse une missive à Clémenceau pour lui apprendre l'existence de cette lettre, qu'elle finit par lui céder en 1918. Le Président du Conseil peut ainsi la lire durant une réunion interalliée. Les termes suivants, « C'est cette considération seule, et non le désir d'agrandir une patrie dont le territoire est assez grand, qui me force à insister sur des cessions de territoires, qui n'ont d'autre but que de reculer le point de départ des armées françaises qui, à l'avenir, viendront nous attaquer », prouvaient que l'empereur Guillaume Ier n'avait jamais réclamé l'Alsace et la Lorraine car elles sont des terres allemandes en tant que telles...en fait, il les considérait juste comme un glacis territorial visant à protéger l'Allemagne. Le retour de l'Alsace-Lorraine dans la République Française fut alors inscrit parmi les buts de guerre. C'est donc grâce à Eugénie que les deux régions purent redevenir françaises...
Mais revenons en 1870. L'impératrice s'est donc réfugiée en Angleterre après la défaite...Elle y loue Camden Place, à Chislehurst. Ce sera la demeure d'exil du couple impérial, même si Napoléon III est encore prisonnier en Allemagne. Lucien Daudet, sans son livre Dans l'ombre de l'impératrice Eugénie, en 1935, décrit ainsi l'habitation anglaise des anciens souverains : « ...un grand parc qui monte ; immenses prairies et très beaux arbres : à un tournant d'allée on aperçoit la maison très nombreuse et variée avec beaucoup de toits pointus (...) dans une sorte de jardin d'hiver, la grande statue du Prince impérial par Carpeaux avec le chien Nero (dont la nombreuse descendance est dans le chenil), maison peuplée de tant de gloires, de splendeurs, tous les portraits silencieux, toutes ces reliques, ces meubles, ces objets qui ont été associés à ces gloires et à ces splendeurs, et qui maintenant ne sont plus que des souvenirs. ».
Le 19 mars 1871, Bismarck libère Napoléon III, qui rejoint sa femme et son fils en Angleterre. Il y meurt le 9 janvier 1873. Devenue veuve, Eugénie confie la direction du parti bonapartiste à Rouher et se consacre alors à l'éducation de son fils. Le jeune prince Louis Napoléon embrasse une carrière militaire. Il est cadet de l'école militaire de Woolwich puis versé dans un corps de cavalerie qui part pour l'Afrique du Sud. Il y trouve la mort, tué par les Zoulous, en juin 1879, à Ulundi. Le deuil frappe cruellement l'impératrice. Elle se rendra d'ailleurs en Afrique du Sud un an plus tard, faire un pèlerinage, sous le pseudonyme de « comtesse de Pierrefonds ».
En 1892, elle fait construire sa propre résidence au Cap Martin pour ne plus être l'invitée de l'impératrice Elisabeth d'Autriche. C'est ainsi que naît, sur l'actuelle commune de Roquebrune-Cap-Martin, la villa Cyrnos, édifiée par Hans-Georg Tersling. Lorsque l'Affaire Dreyfus éclate, elle prend le parti du capitaine, contre les bonapartistes qui sont convaincus de sa culpabilité. En 1904, elle fait don au Musée Carnavalet de Paris du berceau du prince impérial dessiné par Victor Baltard et de la maison Froment-Meurice (1856). En 1911, après sa rencontre avec le conservateur du musée de la Malmaison, elle lui fait don de plusieurs aquarelles d'Auguste Garneray représentant des vues du château.
En 1906, elle est devenue la marraine de la princesse Victoria de Battenberg, petite-fille de la défunte reine Victoria, lorsqu'elle est baptisée dans la religion catholique pour pouvoir épouser le roi Alphonse XIII d'Espagne. En 1910, elle a alors 84 ans, l'ancienne impératrice visite son ancienne résidence de Compiègne, devenue musée. Elle s'arrête près d'une fenêtre et se met à pleurer en se rémémorant la période de l'Empire. Le guide, qui ne l'a pas reconnue, l'interpelle pour continuer la visite. Seul un homme la reconnaît et lui apportera un verre d'eau. L'un de ses biographes raconte également que, voulant cueillir une rose d'un plant qu'elle avait fait elle-même mettre dans le jardin des Tuileries, elle fut sermonnée par un gardien qui ne l'avait pas reconnue.
Eugénie meurt à 94 ans au palais de Liria à Madrid et fut enterrée en Angleterre à l'abbaye Saint-Michel de Farnborough, auprès de son mari et de son époux. Aucun représentant de la République ne vint à ses obsèques, cependant, un drapeau français fut placé sur le cercueil. L'abbé de Saint-Michel le fit enlever, le remplaça par le drapeau anglais et dit : « Maintenant, reposez en paix, Votre Majesté ».
Tandis qu'en Prusse, la passion anti-française s'enflamme, en France, on réclame la guerre. Bien que favorables à la paix, Napoléon III et son chef de cabinet Ollivier, qui ont fini par obtenir la vérité sur la fameuse réponse publiée dans la dépêche d'Ems, se font littéralement dépasser par ceux qui réclament la guerre avec la Prusse à corps et à cri. L'impératrice Eugénie fait partie de ceux qui veulent la guerre. Cependant, Napoléon III aurait tout de même besoin d'un succès de prestige pour redorer le trône qu'il va laisser plus tard à son fils. Il n'ose pas contrarier l'opinion majoritairement en faveur de la guerre et se laisse ainsi entraîner contre sa conviction profonde.
Finalement, la guerre est déclarée, le 19 juillet 1870, à peine un mois après la candidature de Guillaume de Prusse au trône d'Espagne. Napoléon III vient annoncer la nouvelle à ses proches, rassemblés au château de Bagatelle près de Paris. Eugénie manifeste sa joie en dansant avec son fils. L'ami du couple impérial, le marquis d'Hertford aurait dit, en voyant cette manifestation de joie : « Cette femme nous mène à la ruine ! ».
C'est vrai que la situation n'est pas à l'avantage de la France. L'armée prussienne a un contingent humain beaucoup plus important que l'armée française mais aussi matériellement, elle est plus puissante. La stratégie prussienne est, de plus, beaucoup plus assurée que celle de l'Empire puisqu'elle a été élaborée à partir de 1866.
Pendant que Napoléon III se trouve au front, l'impératrice est restée à Paris. Elle est régente de France. Elle nomme le bonapartiste autoritaire, Cousin-Montauban, comte de Palikao, à la tête du gouvernement. Sous la pression et le conseil de son épouse, Napoléon III renonce à se replier sur Paris et marche vers Metz, au secours du maréchal Bazaine, qui est encerclé par les Prussiens. Les troupes commandées par l'empereur sont elles-mêmes encerclées à Sedan par les Prussiens...le 2 septembre, l'empereur, qui n'a pu trouver la mort au milieu de ses soldats, alors que, vraisemblablement, c'est ce qu'il cherchait, dépose finalement les armes au terme de la Bataille de Sedan. Il tente ensuite de négocier les clauses de la capitulation avec Bismarck, près du village de Donchery. L'empereur est désormais prisonnier des Prussiens. Le lendemain, il part pour la Belgique et prend ensuite le train vers l'Allemagne : il sera interné au château de Wilhelmshöhe à Kassel.
Le 4 septembre, à Paris, la foule en colère envahit le Palais-Bourbon. L'impératrice Eugénie parvient à s'échapper et se réfugie chez son dentiste, le docteur Thomas W. Evans, un américain. C'est lui qui va organiser la fuite de l'impératrice vers l'Angleterre. L'Empire s'effondre par manque de soutien. L'armée et la paysannerie, soutiens traditionnels du régime, sont bien trop loin pour pouvoir le soutenir et le traumastime de la capitulation est si important que la République est finalement procalmé par Léon Gambetta, Jules Simon et d'autres députés, à l'Hôtel de Ville de Paris. Un gouvernement provisoire, le Gouvernement de la Défense nationale, est alors créé.
De son refuge anglais, le 23 octobre 1870, l'impératrice va écrire à l'empereur Guillaume Ier d'Allemagne (roi de Prusse devenu premier empereur de l'Allemagne unifiée), vainqueur de Sedan, afin qu'il renonce à l'Alsace. Le 26, le souverain répond par un refus...en 1917, 47 ans plus tard, les Alliés font savoir à la France qu'il n'est pas question de lui restituer de façon inconditionnelle l' Alsace et la Lorraine, considérés comme territoires allemands. Même des socialistes français adoptent ce point de vue. C'est alors que la vieille impératrice adresse une missive à Clémenceau pour lui apprendre l'existence de cette lettre, qu'elle finit par lui céder en 1918. Le Président du Conseil peut ainsi la lire durant une réunion interalliée. Les termes suivants, « C'est cette considération seule, et non le désir d'agrandir une patrie dont le territoire est assez grand, qui me force à insister sur des cessions de territoires, qui n'ont d'autre but que de reculer le point de départ des armées françaises qui, à l'avenir, viendront nous attaquer », prouvaient que l'empereur Guillaume Ier n'avait jamais réclamé l'Alsace et la Lorraine car elles sont des terres allemandes en tant que telles...en fait, il les considérait juste comme un glacis territorial visant à protéger l'Allemagne. Le retour de l'Alsace-Lorraine dans la République Française fut alors inscrit parmi les buts de guerre. C'est donc grâce à Eugénie que les deux régions purent redevenir françaises...
Mais revenons en 1870. L'impératrice s'est donc réfugiée en Angleterre après la défaite...Elle y loue Camden Place, à Chislehurst. Ce sera la demeure d'exil du couple impérial, même si Napoléon III est encore prisonnier en Allemagne. Lucien Daudet, sans son livre Dans l'ombre de l'impératrice Eugénie, en 1935, décrit ainsi l'habitation anglaise des anciens souverains : « ...un grand parc qui monte ; immenses prairies et très beaux arbres : à un tournant d'allée on aperçoit la maison très nombreuse et variée avec beaucoup de toits pointus (...) dans une sorte de jardin d'hiver, la grande statue du Prince impérial par Carpeaux avec le chien Nero (dont la nombreuse descendance est dans le chenil), maison peuplée de tant de gloires, de splendeurs, tous les portraits silencieux, toutes ces reliques, ces meubles, ces objets qui ont été associés à ces gloires et à ces splendeurs, et qui maintenant ne sont plus que des souvenirs. ».
Le 19 mars 1871, Bismarck libère Napoléon III, qui rejoint sa femme et son fils en Angleterre. Il y meurt le 9 janvier 1873. Devenue veuve, Eugénie confie la direction du parti bonapartiste à Rouher et se consacre alors à l'éducation de son fils. Le jeune prince Louis Napoléon embrasse une carrière militaire. Il est cadet de l'école militaire de Woolwich puis versé dans un corps de cavalerie qui part pour l'Afrique du Sud. Il y trouve la mort, tué par les Zoulous, en juin 1879, à Ulundi. Le deuil frappe cruellement l'impératrice. Elle se rendra d'ailleurs en Afrique du Sud un an plus tard, faire un pèlerinage, sous le pseudonyme de « comtesse de Pierrefonds ».
En 1892, elle fait construire sa propre résidence au Cap Martin pour ne plus être l'invitée de l'impératrice Elisabeth d'Autriche. C'est ainsi que naît, sur l'actuelle commune de Roquebrune-Cap-Martin, la villa Cyrnos, édifiée par Hans-Georg Tersling. Lorsque l'Affaire Dreyfus éclate, elle prend le parti du capitaine, contre les bonapartistes qui sont convaincus de sa culpabilité. En 1904, elle fait don au Musée Carnavalet de Paris du berceau du prince impérial dessiné par Victor Baltard et de la maison Froment-Meurice (1856). En 1911, après sa rencontre avec le conservateur du musée de la Malmaison, elle lui fait don de plusieurs aquarelles d'Auguste Garneray représentant des vues du château.
En 1906, elle est devenue la marraine de la princesse Victoria de Battenberg, petite-fille de la défunte reine Victoria, lorsqu'elle est baptisée dans la religion catholique pour pouvoir épouser le roi Alphonse XIII d'Espagne. En 1910, elle a alors 84 ans, l'ancienne impératrice visite son ancienne résidence de Compiègne, devenue musée. Elle s'arrête près d'une fenêtre et se met à pleurer en se rémémorant la période de l'Empire. Le guide, qui ne l'a pas reconnue, l'interpelle pour continuer la visite. Seul un homme la reconnaît et lui apportera un verre d'eau. L'un de ses biographes raconte également que, voulant cueillir une rose d'un plant qu'elle avait fait elle-même mettre dans le jardin des Tuileries, elle fut sermonnée par un gardien qui ne l'avait pas reconnue.
Eugénie meurt à 94 ans au palais de Liria à Madrid et fut enterrée en Angleterre à l'abbaye Saint-Michel de Farnborough, auprès de son mari et de son époux. Aucun représentant de la République ne vint à ses obsèques, cependant, un drapeau français fut placé sur le cercueil. L'abbé de Saint-Michel le fit enlever, le remplaça par le drapeau anglais et dit : « Maintenant, reposez en paix, Votre Majesté ».
© Le texte est de moi, je vous demanderais donc de ne pas le copier, merci.
Pour en savoir plus :
-Eugénie, la dernière impératrice, Jean des Cars. Biographie.
-Napoléon III, Louis Girard. Biographie.
- L'Impératrice Eugénie : ou l'empire d'une femme, Jean Autin. Biographie.
Natacha, Posté le vendredi 23 mai 2014 09:55
Encore un joli article ! Merci :)