
Les Pérégrines, tome 1
Le 15 juillet 1099, les croisés conquirent Jérusalem. C'était le terme de la première croisade, le plus audacieux pèlerinage de tous les temps. Nombre d'historiens ont rapporté cette extraordinaire expédition vers le tombeau du Christ. Mais personne encore n'avait écrit le roman de cette épopée au féminin.
Les Compagnons d'Eternité, tome 2
"J'ai découvert que tout est possible, parce que Dieu aide."
(Les Compagnons d'Eternité, tome 2)
Ma note : ★★★★★★★★★★
Mon avis :
En Occident, ces croisades et surtout la première, galvanisèrent les foules et ce furent des milliers d'hommes, de femmes, d'enfants, venus de tous horizons, qui se rassemblèrent sous les bannières des barons partis à l'assaut de la Terre Sainte afin d'arracher les Lieux Saints des mains des musulmans. Toutes ces personnes partirent et laissèrent derrière eux leurs pays et leurs terres pour s'engager dans un périple plein de dangers et de chausse-trappes. Certains, d'ailleurs, n'en revinrent jamais, vaincus par les armées ennemies ou par le froid, la chaleur, la faim et la soif qui se firent sentir pendant tout ce long cheminement vers le Levant. Aujourd'hui, avec le recul, on pourrait être tenté de considérer cet engouement avec incrédulité voire de le qualifier de fanatisme mais les Croisades n'en restent pas moins des événements majeurs du Moyen Âge, qui fédérèrent les Occidentaux dans une même foi et une même volonté et qui rattachent entre elles toutes les Histoires des pays d'Europe. En quelque sorte, elles furent aussi des guerres de Religion, avant celles qui devaient ensanglanter l'Europe des XVIème et XVIIème siècles...pour cette raison, on a toujours beaucoup parlé des croisades et de nombreux travaux ont été effectués par les plus éminents de nos historiens. Mais il est vrai qu'on parle rarement des femmes et qu'il est peu courant de voir ces gigantesques pèlerinages armés qui jetèrent sur les routes tant de monde, par les yeux de femmes. C'est ce que Jeanne Bourin a décidé de faire dans Les Pérégrines.
Pendant quatre ans, nous suivons ainsi les heurs et malheurs de trois soeurs venues de Chartres et filles de parcheminier : Brunissen la douce, Flaminia la belle et Alaïs la fougueuse seront donc nos compagnes pendant toute l'intrigue. Par leurs yeux, c'est les pénibles trajets sur mer que l'on revit, la découverte émerveillée de Constantinople, la Nouvelle Rome, par les Francs, peu accoutumés à de telles splendeurs puis la traversée des terres inhospitalières où les ennemis se dissimulent pour mieux les atteindre, favorisés en cela par une bonne connaissance d'un terrain qui ne cesse de dérouter les croisés. C'est aussi la mort, la tristesse, le bonheur, l'amour qui prennent corps sous nos yeux. L'histoire se déroule ainsi de 1097, date de l'embarquement des pèlerins en Italie, en direction de Constantinople et s'achève au début de l'année 1101, un peu plus d'un an après la prise de Jérusalem et la proclamation d'un royaume, qui jettait les bases d'un royaume franc en Orient et qui serait par la suite connu sous le nom d'Etats Latins d'Orient.
Que dire, à part que j'ai beaucoup aimé cette saga, tant par le sujet traité et le point de vue adopté, qui est très innovant. J'avais beaucoup aimé La Chambre des Dames mais je dois dire que cette petite saga, malgré ses défauts, est beaucoup plus captivante, peut-être parce que l'histoire s'essouffle moins et que les rebondissements et péripéties sont légion...si certains sont peut-être un peu téléphonés, il faut bien le dire, dans l'ensemble, le romanesque ne prend pas le pas sur la vraisemblance et c'est le principal. :) Quant aux personnages, eh bien on s'y attache rapidement...le temps pour nous de les connaître et c'est parti ! J'avoue avoir eu un peu peur au début car les trois jeunes filles m'apparaissaient comme un peu agacantes et, finalement, de part les expériences vécues, heureuses ou malheureuses, par ces trois soeurs, on finit par s'attacher à elle et à les apprécier. J'ai parfois eu un peu de mal avec les dialogues lourds, que j'avais déjà trouvé à plusieurs reprises dans d'autres romans de Jeanne Bourin. Quoi qu'il en soit, la justesse du récit et les personnages bien travaillés nous permettent d'oublier ces petits défauts, qui, au final, passent inaperçus dans une analyse globale de la saga. Nous vous sentez pas rebutés par ces quelques défauts stylistiques, ils peuvent peut-être gêner de prime abord mais on s'y habitue rapidement et les autres qualités du récit, en outre, le sauvent très bien, donc pas de souci à se faire à mon avis. Les Pérégrines nous permet finalement de nous faire une idée précise de ce qu'a pu être la vie des croisés en Orient et, comme à son habitude, Jeanne Bourin nous dresse des portraits d'hommes et de femmes du Moyen Âge dont la modernité est chaque fois sidérante, tout en restant cependant fidèle aux considérations historiques qu'elle met toujours beaucoup de zèle à respecter. Bref, vous l'aurez compris, j'ai beaucoup aimé cette petite saga et elle m'a même parfois émue tant cette histoire est belle et humaine. Entre petite et grande Histoire, Jeanne Bourin nous livre un récit à l'intérêt certain et à l'humanité sensible et touchante.
En Bref :
Les + : le point de vue est innovant et les trois personnages féminins attachants.
Les - : des lourdeurs dans le style, notamment dans les dialogues.

Parthenia, Posté le dimanche 23 mars 2014 07:28
Moi aussi j'avais adoré cette saga... j'avais trouvé très intéressant de vivre les Croisades à travers le point de vue des non-combattants pour une fois, et qui plus est des femmes...
J'en profite pour t'annoncer que je t'ai taguée ici : http://parthenia01.eklablog.com/tag-du-liebster-award-a107212668
mais il n'y a aucune obligation, hein ! :)