
Un Monde sans Fin est donc la suite des Piliers de la Terre. Idée audacieuse que celle de produire une suite à deux cent ans d'intervalle, mais, personnellement, je la trouve très bonne et c'est finalement assez sympathique de suivre les descendants des personnages que l'on a pris plaisir à suivre dans le premier roman. Beaucoup de lecteurs ont eu le sentiment de lire, avec ce roman, une pâle copie du premier : en ce qui me concerne, je n'ai pas du tout eu ce ressenti. Un Monde sans Fin est un bon roman historique, efficace quoiqu'avec quelques longueurs, parfois, qui sont un peu dommageables au milieu du livre mais que l'on parvient tout de même aisément à contourner. Personnellement, et même s'ils sont moins attachants que les personnages des Piliers, j'ai beaucoup aimé suivre les destins, tragiques ou extraordinaires des personnages principaux. J'ai eu cependant beaucoup d'affection pour Merthin et Caris, les deux héros. Chez Caris, l'héroïne féminine, j'ai aimé sa modernité, presque féministe, ce qui dénote beaucoup avec l'idée que l'on se fait du Moyen Âge...
En ce qui concerne le contexte historique, il est relativement bien restitué, même si, finalement, la Guerre de Cent Ans y est très peu abordée et que l'on ne croise le roi qu'à très peu de reprises. On sent que l'auteur s'est renseigné avec sérieux sur le commerce et le fonctionnement des villes libres au XIVème siècle mais aussi sur le développement et l'arrivée en Europe de la peste, en 1348, qui est restée, dans l'histoire, la plus formidable épidémie jamais connue et que certains ont interprété comme un châtiment divin -d'où la présence des flagellants, dans le roman, ce que j'ai trouvé assez sensé, dans le sens où il aurait été étrange de ne pas les y trouver.
La vision du clergé est brute et dénuée de tout sentiment religieux puisque l'auteur nous montre que, en tout temps, on a pu y trouver les pires ordures, animés par des sentiments peu orthodoxes et bien peu portés vers la sainteté et l'élévation de l'esprit. Les personnages sont toujours bien travaillés, jamais exempts de failles, ce qui fait d'eux non pas des héros mais des personnages humains comme les autres. On sent chez l'auteur la volonté de toujours livrer des personnages aboutis et à la psychologie fine et complexe.
Le seul regret que j'émettrais c'est que la fin est un peu brusque et je m'attendais à ce que le secret, qui nous occupe depuis le début du roman, soit un peu plus explicité dans les ultimes pages, c'est dommage, mais pas dramatique non plus.
En ce qui concerne le style, rien à dire. J'ai retrouvé avec plaisir celui des Piliers de la Terre, chaleureux et incisif et cela m'a beaucoup plu. J'étais partie avec une véritable appréhension après avoir lu des avis très mitigés voire carrément négatifs mais finalement, c'est tout à fait convaincue que je ressors de ma lecture et, pour moi, Un Monde sans Fin est une suite aboutie et qui tient la route. Entre les nobles sans scrupules, les ecclésiastiques dénués de sentiments et de ferveur divine, les commerçants déterminés, les histoires d'amour et les tragédies, les amateurs de fresques historiques trouveront sans aucun doute leur bonheur ici. :)

Même les sorcières lisent, Posté le dimanche 02 mars 2014 13:27
Je suis une grande fan de Ken Follett nottamment grâce à cette saga ^^