
Finalement, c'est de là que part toute l'histoire. Ce désir d'enfant d'un homme ancré dans un univers immuable depuis des siècles et qui est terrifié à l'idée de le voir disparaître. Désir d'enfant qui se couple au désir de plus en plus vivace d'indépendance pour la jeune Constance. Après avoir tissé une relation purement sexuelle avec un jeune écrivain, connaissance de son époux, elle va finalement faire la connaissance d'un homme à son opposé, le garde-chasse de Wragby Hall, Oliver Mellors, issu d'une famille minière de la région. La relation avec Mellors, d'abord basée sur les rapports physiques, va se muer tout doucement en véritable histoire...
Et c'est bien là-dedans que réside tout l'intérêt du roman. Certes, la dimension érotique est très présente, mais il y'a une véritable histoire d'amour entre les deux personnages, entre cette jeune femme fragile mais déterminée et cet homme rude et sensuel à la fois. Roman particulièrement osé pour l'époque où il a été écrit -la libération de la femme n'était pas franchement un sujet central à l'époque- et très moderne également -Constance et sa soeur Hilda ont tout de jeunes femmes du XXIème siècle, mais avec cent ans d'avance-, L'Amant de Lady Chatterley est un récit profond et philosophique, par certains aspects, s'interrogeant sur la destinée de l'Homme et son avenir. A chaque page on ressent le désespoir, le désarroi de ces hommes et des ces femmes frappés de plein fouet par les horreurs et la violence de la Grande Guerre. La Grande Guerre, qui, comme avant elle l'industrialisation a fait vaciller les anciennes sociétés sur leurs bases, repensant en profondeur les rapports de force et la façon de vivre ensemble des hommes.
Dans ces hideux Midlands défigurés par les cheminées et les mines, l'histoire de Constance -Connie dans le récit, surnom affectueux donné par l'auteur à son héroïne- et d'Oliver Mellors reste particulièrement belle et pure. Alors, oui, on est loin de la fine amor et des histoires courtoises mais ça reste quand même un récit particulièrement touchant, sentimentalement parlant. D.H Lawrence a décidé de ne pas supprimer l'érotisme et la sensualité de son oeuvre et c'est un parti-pris comme un autre. Certes, certains passages sont relativement osés, l'auteur n'utilise pas de mot pour un autre et il appelle un chat, un chat.
Ce roman m'a pourtant beaucoup plu, même si je ne suis pas habituée, généralement, à ce genre de littérature. J'ai été très agréablement surprise. L'écriture est belle, percutante, froide et sensuelle tout à la fois et le personnage de Connie particulièrement touchant. Les autres m'ont peut-être un peu moins touchée, on se sent moins proche d'eux et Sir Clifford est même particulièrement antipathique par moment. Mellors, de part sa relation avec Connie est peut-être celui qui a le plus de relief et susciterait le mieux l'empathie du lecteur.
Finalement, j'ai trouvé ce roman très plaisant, très agréable à lire et je le recommande à ceux qui aiment les classiques du début du XXème siècle. Pour ceux qui ont vu le film, très beau aussi, avec Marina Hands dans le rôle de Constance Chatterley, vous ne serez pas déçus.
Parthenia, Posté le mardi 15 octobre 2013 05:13
J'avais vu l'adaptation cinématographique avec Marina Hands et j'avais beaucoup aimé... Il faudrait que je découvre le livre dont elle a été tirée, ta chronique me donne envie de sauter le pas ! :)