
Nous suivons à Byzance une jeune femme, Anna Lascaris, travestie en eunuque pour passer inaperçue et exercer sa profession de médecin auprès des hommes également, ce que sa condition de femme lui refuserait normalement. Originaire de Nicée, la jeune femme a un frère jumeau, Justinien Lascaris. Tous deux sont issus d'une ancienne famille impériale de Byzance : l'empereur Michel Paléologue, pour s'emparer du pouvoir, a fait crever les yeux du dernier prétendant de la famille, Jean Lascaris, dans les années 1260, avant de reléguer ce dernier au fin fond d'un couvent. Anna, devenue Anastasius Zaridès, va enquêter sur l'assassinat de Bessarion Comnène, dans lequel son frère aurait trempé. Décidée à prouver l'innocence de son jumeau, elle décide de se rendre à Byzance, là où il a été arrêté et où elle peut donc trouver des informations.
Pourquoi Bessarion Comnène a-t-il été assassiné ? Une petite remise dans le contexte s'impose (vous savez que j'adore ça :) ). A ce moment-là, la chrétienté n'est pas réunie. Byzance n'est pas encore tombée au main des Turcs (cela ne va arriver qu'en 1453) et c'est le dernier bastion de l'Empire romain, l'unique vestige de ce tentaculaire empire qui a disparu, en Occident, vers le Vème siècle. A Rome, le pouvoir thélogique est tenu par le Vatican et donc, par le pape, tandis qu'à Byzance, c'est la foi orthodoxe qui fédère, notamment autour du plus beau joyau de cette religion : la basilique Sainte-Sophie, chef-d'oeuvre des premiers siècles médiévaux. Dans les années 1270, Rome veut forcer Byzance à lui faire allégeance en ce qui concerne la foi, malgré le sac de la ville qui a marqué profondément les esprits. La population byzantine et surtout les anciennes et grandes familles, sont divisées entre opposants à cette soumission et partisans. Bessarion Comnène est assassiné alors qu'il projette d'éliminer l'empereur Michel Paléologue qui est, lui, pour l'alliance avec Rome. Justinien Lascaris et l'un de ses amis, Antonin, un soldat, sont accusés du meurtre. Anna veut comprendre ce qui a pu pousser son frère à tremper dans un tel complot et surtout, ce qui l'a poussé à assassiner le principal instigateur de ce complot, à savoir Bessarion. Pour corser le tout, Charles d'Anjou, en Occident, devient de plus en plus puissant et envisage d'aller réduire Byzance par les armes, en composant une nouvelle croisade contre la cité orthodoxe.
C'est dans ce climat plutôt tendu, on peut le dire, qu'Anna va rencontrer des alliés, des ennemis, entre autres, la vénéneuse Zoé Chrysaphès et sa fille, la aussi belle que fade et sotte Hélène Comnène mais aussi l'amour...
Je ne vais pas vous cacher que le contexte historique peut être un peu difficile à saisir parfois, notamment parce qu'il est beaucoup question de religion et donc, de théologie. Mais je pense que c'est tout de même abordable et comme Anne Perry est très précise dans ce qu'elle relate (un peu comme Mireille Calmel), si on prend le temps de lire, on comprend.
Ce livre a été un réel coup de (l) pour moi. J'ai lu énormément d'avis mitigés voir négatifs mais moi, j'ai vraiment été prise, happée dans cette histoire. N'avez-vous jamais eu l'impression de vous évader complètement avec un roman, de sentir les odeurs, de toucher les tissus, de sentir le vent, de voir les couleurs ? C'est exactement ce qui se passe avec Du Sang sur la Soie. On y est ! Que l'on soit à Rome, Venise, Byzance, Jérusalem, on est là, aux côtés des héros, en se concentrant un peu, on pourrait presque voir les mêmes choses qu'eux et ressentir l'atmosphère qui les entoure, c'est assez dingue. L'histoire est aussi particulièrement prenante. Je ne lis pas de policier généralement mais cette histoire m'a particulièrement plu car Anne Perry ne néglige pas l'historique au profit du policier. On sent que rien n'est laissé au hasard, que rien n'est bâclé et c'est ça qui m'a beaucoup plu.
Le style de l'auteur est aussi très beau, j'ai beaucoup aimé. Parfois, j'avais parfois un peu de mal à suivre le cheminement de tous les personnages, qui sont très nombreux et la complexité de l'enquête m'a parfois un peu déconcertée mais je finissais toujours par comprendre. Au besoin, je reprenais ma lecture un peu plus haut et j'arrivais à tout comprendre au bout de quelques secondes. Il y'a aussi quelques longueurs parfois, mais qui sont vite compensées par des rebondissements, donc rien de bien grave.
Bref, j'ai trouvé ce livre absolument génial ! C'est une brique mais j'ai trouvé qu'il se lisait particulièrement bien : j'avalais plus de cent pages par jour, donc, normalement, c'est bon signe ! :) Quand je lis à un tel rythme, c'est que je suis complètement dans l'intrigue et ça a été le cas avec Du Sang sur la Soie, que je conseille aux amateurs d'historique ou de policier...ou des deux.
Seul petit bémol : la traduction du titre....Le titre original est The Sheen of the Silk, ce qui signifie L'Eclat de la Soie. Et effectivement, cet éclat de la soie est très présent dans le roman, où il est beaucoup question de ce tissu. Je trouve donc que le titre français dénature un peu l'idée originale de l'auteure. Mais ce n'est vraiment que le point négatif que j'ai pu trouver. Et encore, il concerne la forme et non le fond !

Choulie, Posté le vendredi 07 décembre 2012 14:17
J'ai déjà lu des livres de Anne Perry mais jamais de livres se passant dans une époque plus lointaine on va dire. Ton résumé me pousse à m'acheter ce livre ! Quand je le verrai dans ma librairie, je me l'éachèterai ! :)