
C'est donc grâce à la lecture commune de Linette, organisée sur Livraddict, que j'ai pu découvrir ce roman. Et je dois dire que j'ai été particulièrement séduite, même si le style de l'auteur m'a, au début, un peu déroutée. C'est assez poétique, presque élégiaque par moment et c'est assez particulier de trouver cela dans un récit en prose. Bon, quoi qu'il en soit, de la poésie, ça ne fait jamais de mal.
Malgré la dureté du récit -la Grande Guerre, la boucherie de 1917, de Verdun et du Chemin des Dames, les mutineries-, Un Long Dimanche de Fiançailles est aussi une formidable ode à l'amour. Mathilde Donnay, la jeune héroïne incarne à elle toute seule cet amour, immense, fidèle, beau et pur. A vingt ans, cette jeune femme pas tout à fait commes les autres puisqu'elle a un problème de santé, va quand même se lancer sur les routes de France, monter dans le Nord et voir de ses yeux les paysages éventrés par la guerre, pour rétablir une vérité qu'elle sent au plus profond d'elle-même : Manech, son jeune fiancé, est toujours vivant quelque part. Elle va rencontrer tous les gens susceptibles de lui apporter une réponse, recouper les témoignages, se battre contre les non-dits et les tabous...elle va tout faire pour prouver qu'elle a raison.
N'est-ce pas là la plus magnifique des preuves d'amour ? Peut-on faire plus pour prouver à l'autre qu'on l'aime ? Bien sûr, sur bien des points, on ne peut s'identifier à Mathilde, notamment au niveau du contexte, mais bon, l'amour est universel et je crois que l'amour que nous ressentons pour quelqu'un est le même pour tous, chaque humain qui vit sur terre. On peut donc facilement s'identifier à cette jeune Landaise déterminée, se dire : « qu'aurais-je fait, moi ? ». On peut surtout comprendre sa douleur. Car, malgré la réception de papiers officiels de l'armée, Mathilde ne sait rien de la mort de son jeune fiancé. Ce doit être le plus terrible : ne pouvoir faire son deuil parce que des parts d'ombre subsistent, parce qu'on a pas de sépulture sur laquelle se recueillir. Mais Mathilde est grande, dans sa douleur, parce que justement, elle sait la surmonter pour parvenir à son but.
L'histoire est presque montée comme une intrigue policière mais Japrisot n'en oublie pas pour autant les sentiments et c'est ça qui fait toute la beauté du roman. Je n'ai pas pleuré en lisant ce roman, contrairement à d'autres lecteurs mais j'ai quand même senti les larmes monter à plusieurs reprises tellement cette histoire est belle et si bien racontée.
Je ne regrette absolument pas d'avoir découvert ce roman qui me faisait pourtant un peu peur au premier abord. Je me demandais réellement ce que j'allais trouver dedans et puis finalement, ça a été un gros coup de (l) .
La question que je me suis posée en refermant ce livre est la suivante : « Aurais-je fait ce qu'a fait Mathilde ?». J'en suis arrivée à la conclusion qu'il doit falloir un énorme courage pour porter à bout de bras une enquête comme celle-ci...mais par amour, n'est-on pas capable de tout, du pire comme du meilleur ?


Bibliophile, Posté le samedi 17 novembre 2012 11:20
Je l'ai croisé je ne sais combien de fois dans les librairies mais je ne l'ai jamais acheté!
Je l'ai vu en film et je n'avais pas été emballée par cette histoire.
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