
Ma note : ★★★★★★★★★★
Mon avis :
John Keats est l'archétype du romantique, pâle et torturé. Lorsqu'il commence sa correspondance avec Fanny Brawne, il est atteint de consomption, la phase terminale de la tuberculose, maladie fortement répandue en Europe au XIXème siècle.
Ayant quelques notions de médecine, Keats se sait condamné mais il n'en reste pas éperdument épris de Fanny sa fiancée.
Lettres à Fanny rassemble les lettres de Keats de 1819 à 1820. Ces lettres sont d'une formidable hétérogénéité. On n'est pas là dans une correspondance guimauve et fleur bleue à deux sous. Certaines missives sont magnifiques, pleines d'un amour et d'une admiration mal contenus. D'autres se font plus agressives pour la destinataire. On les sent empreinte de la jalousie et de la possessivité de Keats, qui ne supporte pas d'être loin de l'objet de son coeur mais en même temps, l'enjoint de ne pas le venir voir.
On ressent bien l'esprit complexe et torturé de l'auteur, rattaché à la vie seulement par cette jeune Fanny qu'il aime de tout son coeur. Mais on sent aussi son désir presque irrépressible de quitter le monde, d'en finir enfin avec cette maladie qui l'a rendu poitrinaire et le consume lentement (il est d'ailleurs victime d'une hémorragie pulmonaire en février 1820, qui le laisse au plus mal pendant plusieurs jours). Je crois que c'est là que réside toute la complexité de Keats, qui aspire à quitter le monde et n'a aucun espoir de guérison, contrairement à beaucoup d'autres tuberculeux...mais, en même temps, il est attaché contre sa volonté à l'existence terrestre par Fanny, qu'il répugne à quitter puisqu'elle est l'unique objet de ses pensées et le but même de son existence.
Le style est également très beau, quoique parfois un peu saccadé...on a l'impression que les phrases sont décousues par instants, que Keats couche sur papier ses pensées telles qu'elles germent dans son esprit. On ressent qu'il a mis beaucoup de lui dans cette correspondance. Et, même s'il semble excédé par moments par le caractère et le comportement de Fanny, il ne peut s'empêcher de l'aimer comme un fou, avec la fougue et la passion propre à tous les romantiques.
John Keats savait tout de même parler aux femmes et certaines de ces missives pourraient être élevées au rang des lettres que toute femme aimerait recevoir au moins une fois dans sa vie. :)
En Bref :
Les + : un style pur et sensible. De jolies lettres, de belles preuves d'amour.
Les - : Aucun.

topobiblioteca, Posté le samedi 29 septembre 2012 11:12
Je suis très intriguée par ce livre. Que cet amour impossible, ne puissent même pas avoir droit à ses dernières heures autrement que par des lettres... Ce doit être troublant et bouleversant. J'ai très envie de connaître la plume de cet auteur.