
Robert Abirached.
"Les religions du c½ur ont des délicatesses étranges."
Mon avis :
Il y'a beaucoup de bovarysme dans Thérèse Raquin. L'héroïne éponyme, Thérèse, est une sorte d'Emma Bovary torturée par les sens et qui s'enfonce jour après jour dans un guêpier dont elle ne peut sortir. Il y'a aussi beaucoup de fatalité, une fatalité implacable et qui rattrape sans cesse les personnages comme dans Notre-Dame de Paris.
Thérèse Raquin est le premier roman de Zola que je lis qui se trouve en dehors de la saga des Rougon-Macquart. Du coup, je ne savais pas trop à quoi m'attendre en débutant ce roman. J'avais eu quelques échos et, d'après ce que j'avais compris, Thérèse Raquin était un roman noir voire glauque avec une fin haute en couleur et en horreur. De Zola, on ne peut attendre qu'une histoire qui finit mal. C'est le cas ici. Mais je ne dirais que ça et n'en rajouterais pas. Vous ne saurez pas pourquoi ni comment elle finit mal. En tous cas, on peut comprendre qu'à l'époque de sa rédaction, Thérèse Raquin ait été mal accueilli. C'est un livre vraiment particulier, qui mêle avec habileté les codes du naturalisme et même du fantastique. C'est le roman de Zola qui s'approche le plus des oeuvres fantastiques du siècles, comme celle de Mérimée, Gautier ou Poe...
Thérèse Raquin, c'est aussi le roman du désespoir et du remords. On voit ce que les remords peuvent faire comme ravages sur les nerfs de personnes fragiles et qui, dans un moment d'inconscience, ont commis un geste irréparable dont ils prennent conscience, par la suite, chaque jour de leur vie.
Thérèse et Laurent, les deux héros, sont particulièrement antipathiques et ceci, dès le début. Thérèse est une coquette, sotte et influençable, prostituée sans l'être...Laurent est un coquin doublé d'un fainéant qui rêve de mettre le plus possible d'argent à l'ombre en faisant un mariage avantageux et en attendant la mort de son père, un paysan normand, pour ne plus rien faire de sa vie.
Il n'y a finalement que Madame Raquin, tante de Thérèse, qui est digne et grande. Impotente à la fin du roman, elle n'en reste pas moins d'une dignité sans faille qui fait sa noblesse et sa grandeur.
Thérèse Raquin est un roman rageur et dénonciateur, plein de stupre et de luxure mais d'une qualité immense. Amené par une écriture subtile, fine et racée, il est un tourbillon de savoir-faire. On a devant nous un roman, un grand roman. Un vrai. Magnifique.
En Bref :
Les + : une histoire glauque mais bien menée et agréable à lire. On glisse peu à peu avec Thérèse et Laurent dans le monde de remords qui les enserre chaque jour un peu plus.
Les - : dommage que les notes de bas de page révèlent plus ou moins la fin.

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