

Anne de Bretagne, fille de François II, duc souverain de Bretagne et de la seconde épouse de ce dernier, Marguerite de Foix, princesse de Navarre, a vu le jour le 15 Janvier 1477 (25 Janvier 1476 si l'on se réfère à l'ancien calendrier qui voulait que l'année commence à Pâques et qui avait 10 jours d'avance sur le nôtre) à Nantes. Elle est duchesse de Bretagne de 1488 à 1491 et de nouveau de 1498 à sa mort et, par ses mariages, archiduchesse d'Autriche et reine des Romains (1490-1491), puis reine de France (1491-1498) et reine de Sicile et de Jérusalem en droit, puis de nouveau reine de France (1499-1514) et duchesse de Milan.
Anne de Bretagne fut un enjeu central dans les luttes d'influence qui aboutiront à sa mort à l'union de la Bretagne, jusque là duché indépendant, à la France. Elle a été également élevée dans la mémoire bretonne et est une personne soucieuse de défendre son duché face à l'appétit de ses voisins.
Nous ne conservons néanmoins que peu de témoignages concernant l'éducation de la jeune duchesse. Il semble qu'Anne de Bretagne ait été éduquée comme toute jeune noble de son temps : elle apprend à lire et à écrire en français, peut-être apprend-elle également quelques rudiments de latin et de grec. Elle est élevée par sa gouvernante, Françoise de Dinan, princesse de Laval. Son maître d'hôtel est le poète Jean Meschinot (de 1488 à sa mort en 1491). Elle aurait peut-être reçu un enseignement de danse, musique et chant.
A ce moment-là, la loi successorale en Bretagne est plutôt imprécise, établie principalement par le premier traité de Gurande en 1365 par Jean IV. Celle-ci prévoyait la succession de mâle en mâle dans la famille des Montfort en priorité, puis dans celle de Penthièvre. En effet, côté Montfort, il ne resque d'Anne, puis Isabeau et côté Blois-Penthièvre, Nicole de Penthièvre. Or, en 1480, Louis XI achète les droits de la famille de Penthièvre pour 50 000 écus. Anne de Beaujeau, la régente française, confirme cette vente en 1485 à la mort de Jean de Brosse, mari de Nicole de Penthièvre.
Pour la succession du duc François II, père d'Anne de Bretagne, le manque d'un héritier mâle menaçait de replonger la Bretagne dans une crise dynastique ou bien de voir le duché de Bretagne passer dans les mains du roi de France. François II décide donc de faire reconnaître sa fille comme héritière des Etats de Bretagne en 1486.
En mariant sa fille, François II comptait renforcer sa position contre le roi de France. La persecptive de joindre le duché à leur domaine à ainsi permis d'obtenir succesivement l'alliance de plusieurs princes d'Europe :
Anne est officiellement fiançée en 1481 au prince de Galles Edouard, fils du roi Edouard IV d'Angleterre. A la mot de son père, il fut brièvement roi sous le nom d'Edouard V mais disparut peu après, probablement en 1483.
- Henri VII d'Angleterre, alors détenu en Bretagne, mais ce mariage ne l'intéressait pas.
- Maximilien Ier d'Autriche, roi des Romains, veuf de Marie de Bourgogne, héritière de Charles le Téméraire : un mariage par procuration à lieu.
- Alain d'Albret, seigneur gascon, fils de Catherine de Rohan, époux de Françoise de Blois-Penthièvre, cousin et allié de François II.
- Louis, duc d'Orléans, cousin germain du roi Charles VIII et futur roi Louis XII. Mais il était déjà marié à Jeanne de France (fille de Louis XI) et doit donc entamer une procédure de répudiation pour se délier et épouser Anne.
- Jean de Chalon, prince d'Orange, neveu de François II et petit-fils de Richard d'Etampes, héritier présomptif du duché après Anne et Isabeau.
Le vicomte Jean II de Rohan, autre héritier présomptif, proposa, avec le soutien du maréchal de Rieux, le double mariage de sesfils François et Jean avec Anne et sa soeur Isabeau, mais François II s'y opposa.
En 1488, François II connaît une défaite à Saint-Aubin-du Cormier qui conclut la guerre folle et le contraint à accepter le traite du Verger dont un clause stipule que les filles de François II ne pourront se marier sans l'aval du roi de France.
A la mort du duc de Bretagne s'ouvre une nouvelle période de crise qui aboutit à une dernière guerre franco-bretonne. A Rennes, le 19 Décembre 1490, Anne, devenue duchesse, épouse en premières noces et par procuration, Maximilien Ier, alors titré roi des Romains. Elle devient alors reine, conformément à la politique de son père. Cependant, ce mariage est une grave provocation à l'égard de la France, puisqu'il viole le traite du Verger et réintroduit un ennemi du roi de France en Bretagne.
Malgré les renforts anglais et castillans venus soutenir les troupes ducales, le printemps 1491 voit de nouveaux sucès de La Trémoille, déjà vainqueur à Saint-Aubin-du-Cormier et, se posant en héritier, Charles VIII vient mettre le siège devant Rennes, où se trouve Anne, afin qu'elle renonce à son mariage avec Maximilien Ier, ennemi du royaume de France. Après ce siège, la ville de Rennes se rend. La jeune duchesse ayant refusé toutes les propositions de mariage avec des princes français, les fiançailles avec Charles VIII sont célébrées à la chapelle des Jacobins de Rennes. Puis Anne se rend, escortée de son armée et donc libre, jusqu'à Langeais, pour les noces. Le roi de France épouse officiellement la duchesse de Bretagne le 6 Décembre 1491 au château de Langeais. Le mariage est célébré en urgence et validé après coup par le pape Innocent VIII, le 15 Février 1592. Le mariage d'Anne avec Maximilien Ier est considéré par l'église comme n'ayant jamais existé.
Lorsque Charles VIII décède brutalement, après s'être cogné à la tête à un linteau de pierre, Anne doit épouser son successeur, Louis XII, pour que la France conserve la Bretagne. Sa première femme, Jeanne, est répudiée et Louis XII épouse Anne, qui devient reine de France une nouvelle fois.
Elle passera de nombreuses années en grossesse sans pouvoir donner, ni à Charles VIII, ni à Louis XII, l'héritier qu'ils espèrent. Seules deux filles, nées de son mariage avec Louis XII vont survivre : il s'agit de Claude de France (1499-1524) qui deviendra reine par son mariage avec François Ier et Renée (1510-1575), dame de Montargis et duchesse de Chartres. Leur fils François mourra à un mois et demi et le roi et la reine auront également un autre fils, qui portera le titre de Dauphin et deux autres enfants dont on ne sait rien.
C'est donc impuissante qu'Anne assiste à l'ascension de François d'Angoulême vers le trône. Anne, reine de France et duchesse de Bretagne, meurt en 1514, le 9 Janvier, certainement de la gravelle. Ses funérailles fastueuses, qui dureront quarante jours, inspireront les enterrements royaux jusqu'au XVIIIème siècle ! Elle est inhumée dans la basilique de Saint-Denis tandis que son coeur est ramené dans sa bonne ville de Nantes, au couvent des Carmes.

LHistoireDeFrance, Posté le dimanche 14 juillet 2013 05:41
Et aussi merci pour le compliment :) Au passage,j'adore ton blog ♥_♥