
De fait, l'une des grandes duchesses, Anastasia, est sauvée du massacre par Félix Volodine, jeune officier loyaliste, amoureux de la jeune fille. Cependant, Anastasia se garde bien de réapparaître publiquement, car ses ennemis savent qu'une femme est parvenue à s'échapper. Pour protéger le secret d'Anastasia, Félix va créer de toutes pièces sa doublure afin de concentrer sur elle, tout en la protégeant, l'attention de l'adversaire bolchevique qui ne désarme pas. Plus tard, cette jeune femme sera réellement connue sous le nom d'Anna Anderson.
De l'Oural à Paris en passant par le Berlin des années 20, Anastasia et Félix devront affronter bien des épreuves avant de renouer les fils de leur passé.
"Le vent se lève. Il balaiera tout."
Ma note : ★★★★★★★★★★
Ce livre assez imposant (535 pages) m'a complètement captivée.
Du plus loin que je me souvienne, j'ai toujours été intriguée par le mystère entourant la mort du dernier tsar Romanov et de sa famille, en 1918. Du coup, lorsque j'ai découvert ce livre en librairie, je n'ai pas hésité et je l'ai acheté tout de suite.
Avant de me lancer dans sa critique à proprement parler, je vais citer un petit paragraphe écrit à la fin du résumé de la quatrième de couverture :
«Ce roman ne prétend pas à la vérité historique mais il propose une hypothèse plausible, fondée sur des faits incontestables. Paraphrasant la grande-duchesse Olga, tante d'Anastasia, posons-nous simplement la question : Et si c'était vrai ? »
Donc, comme cela est dit très clairement, ce roman s'appuie sur une thèse complètement réfutée aujourd'hui, celle de la possible survivance d'une des filles du dernier tsar Nicolas II. Puisque l'imagination populaire a voulu que ce soit Anastasia, les auteurs en ont fait l'héroïne de leur roman, qui se scinde en trois époques et en plusieurs fragments de Mémoires et de journaux intimes. Il est en tous cas vraiment bien ficelé car, à aucun moment, on n'éprouve de confusion.
Nous sommes donc avec Nicolas II et sa famille, emprisonnés à la Villa Ipatiev à Ekaterinebourg. Nous vivons avec eux leurs derniers jours, ces jours de la mi-Juillet 1918...La scène de l'assassinat de la famille au sous-sol de la villa, par Yourovski et ses sbires est d'une telle émotion, tellement vraie...On ne peut que la vivre et c'est une sensation assez étrange qui nous étreint le coeur alors. Un mélange d'horreur et de pitié...A ce moment-là, on se sent plus ou moins Russe, plus ou moins tsariste, c'est tellement étrange...
Et, enfin, on entre dans ce qui sera la plus grande histoire du XXème siècle : l'une des filles se serait sauvée, son corps n'aurait pas été enterré avec les autres dans le charnier des forêts de Koptiaki, non loin d'Ekaterinebourg. Et, en effet, Anastasia vit, elle a été sauvée de la mort par un jeune militaire loyaliste, Félix Sergueïevitch Volodine, accessoirement amoureux d'elle. Afin, de lui permettre de sauver complètement et d'échapper une seconde fois à l'ire des bolcheviks qui savent que l'une des femmes Romanov a survécu, Félix et Alexandre Tchaikovsky, un homme étrange, ont l'idée de faire passer une pauvre petit polonaise suppliciée par son amant, pour la fille du tsar survivante. Elle a des traits en commun avec les filles de Nicolas II et ressemble à Tatiana...Cette femme sera un jour la très célèbre Anna Anderson...
Et c'est ainsi qu'Anastasia, la vraie, se sauve. Et on aimerait tant y croire, en lisant ce livre. Comme on aimerait croire qu'elle a pu épouser son colonel, Félix, dont elle est amoureuse depuis 1918, comme on aimerait croire qu'elle a pu perpétuer la mémoire du dernier tsar et de sa famille. Et, en même temps, on ne peut lui souhaiter ce destin, romantique certes, mais si cruel, destin qu'a connu Marie-Thérèse de France, seule survivante de la famille royale et qui a fini à moitié folle. Comment peut-on vivre avec la culpabilité d'avoir vécu, d'avoir conservé, d'une certaine façon, une existence égoïste alors que ceux que l'on a aimé sont morts dans les pires souffrances et humiliations ?
Dans le roman, on peut lire cette phrase : « les Russes ne veulent plus des Romanov; pas à cause de ce qu'ils sont, à cause de ce qu'ils représentent. », et on ne peut que penser que c'est bien inutile de mourir et de souffrir pour une erreur que l'on n'a pas commise. Nicolas II et sa famille étaient-ils coupables, coupables de leur rang et de leur naissance? On peut comprendre le peuple, désireux de changement, mais on ne peut nier que l'exécution de Nicolas II et des siens fut atroce et pas dénué de haine.
Ce livre n'est qu'un rêve...mais une magnifique histoire. Si Anastasia avait vécu une telle existence, nul doute qu'elle aurait heureuse. Et si, comme elle le dit justement au détour d'une page de journal, elle a le pouvoir, en tant que dernière fille du tsar et seule survivante, elle n'a plus le droit de l'exercer. C'est une femme comme les autres qui vit et meurt sous notre regard; C'est une femme particulièrement attachante qui évolue au fil des pages.
Ce livre n'est peut-être qu'une illusion, mais je vous le conseille...Aux amateurs de la Russie impériale (je pense à une blogueuse en particulier :)), il plaira tout particulièrement...
Excusez-moi pour cette longue critique, mais ce roman le mérite amplement.
LeslecturesdeDarkness, Posté le mercredi 06 mars 2013 16:30
Je vais me l'ajouter dans ma liste d'envie. Il me tente !!!
J'ai une passion pour tout ce mystère fait autour de la famille Romanov.