

Une petite fille prénomée Gabrielle voit le jour entre 1570 et 1573 au château de la Bourdaisière ou au château de C½uvres. Elle est la fille d'Antoine d'Estrées, baron du Boulonnois, vicomte de Soissons et Bersy, gouverneur d'Île-de-France. Sa mère est Françoise Babou de la Bourdaisière.
On ne sait que peu de choses sur son enfance. Elle grandit probablement dans un château familial surnommé « le clapier à putains » lorsque Gabrielle deviendra maîtresse d'Henri IV.
Elle est présentée au tout jeune souverain en 1590 (il n'est roi que depuis une année à peine). Roger de Bellegarde, grand écuyer de France, présente sa maîtresse, Gabrielle, au roi Henri IV lors du siège de Paris qui s'éternise. Ils partent donc tous deux au château de Coeuvres, où demeure Gabrielle et Henri IV se prend tout de suite d'une vive passion pour la jeune femme. En effet, on ne peut que louer la beauté de Gabrielle : elle est « blonde, dorée, d'une taille admirable, d'un teint d'une blancheur éclatante » d'après Mademoiselle de Guise et Agrippa d'Aubigné dit d'elle : « C'est une merveille, comment cette femme de laquelle l'extrême beauté ne sentait rien de lascif, a pu vivre en reine plutôt qu'en concubine tant d'années et avec si peu d'ennemis. Les nécessités de l'État furent ses seules ennemies » .
Gabrielle d'Estrées résiste plus de six mois à Henri IV puis lui cède finalement en Janvier 1591. Le roi marie sa maîtresse -par convenance- à Nicolas Damerval de Liancourt avant de faire divorcer le couple pour rendre la liberté à Gabrielle. Il l'apelle à la Cour, lui octroie le duché de Beaufort et donc, par conséquent, le titre de duchesse. Les parents de la nouvelle duchesse ne sont pas exemptés et se voient comblés d'honneurs par le souverain. La jeune femme reçoit également le marquisat de Montceaux et le château de Montceaux-lès-Meaux, où elle fera construire de nouveaux bâtiments dont quatre pavillons d'angle.
Henri IV est tant épris de sa maîtresse qu'il songe à l'épouser et à en faire sa reine de France, mais le peuple voit d'un mauvais oeil qu'une femme de mauvaise vie et d'un rang nobiliaire insuffisant puisse devenir reine. Le projet fut empêché par Marguerite de Valois, la reine Margot, épouse d'Henri IV mais séparée de lui depuis de longues années. Le Pape s'oppposa également à cette union et Gabrielle d'Estrées ne fut jamais reine.
Gabrielle avait alors donné trois enfants au roi, qui n'avait pas de descendance légitime et les possibles problèmes de succession qui pouvaient survenir inquiétaient l'opinion. La concubine avait donné deux fils et une fille au roi : César (1594 - 1665), le duc de Vendôme, Catherine-Henriette (1596 - 1663), dite Mademoiselle de Vendôme et Alexandre (1598 - 1629), dit le Chevalier de Vendôme.
Elle est enceinte du quatrième enfant du roi, près d'accoucher, quand une mort surprenante emporta la concubine. Dans la nuit du 9 au 10 Avril 1599, Gabrielle d'Estrées, qui séjourne dans la maison du financier Zamet est subitement prise de terribles convulsions. On pensa qu'elle succombe à un empoisonnement volontaire, le poison ayant été placé dans la nourriture ou les boissons ingérées par Gabrielle lors de la soirée. Elle aurait en fait été victime d'apoplexie foudroyante ou d'eclampsie puerpérale, une complication sérieuse de la grossesse caractérisée notamment par des convulsions. Elle accouche d'un enfant mort-né et rend l'âme quelques instants plus tard.
Autre hypothèse plus mystique : Gabrielle d'Estrées aurait été étranglée par le Diable tant son agonie fut terrible et son apparence, dans la mort, effrayante. On raconte que son visage était noirci et révulsé, jusqu'à la rendre méconaissable. On arrêta d'ailleurs Henri IV à Villejuif, alors qu'il se rendait à Fontainebleau pour la voir afin de lui éviter ce spectacle.
Au lendemain de sa mort, Henri IV écrivit : « Mon affliction est aussi incomparable que l'était le sujet qui me la donne. Les regrets et les plaintes m'accompagneront jusqu'au tombeau. La racine de mon c½ur est morte et ne rejettera plus... »
Gabrielle eut droit à des funérailles royales. Ses obsèques furent célébrées en l'église Saint-Germain-l'Auxerrois puis son corps fut inhumé dans le ch½ur de l'église de l'abbaye de Maubuisson, qui dirigeait sa soeur, Angélique d'Estrées.

Les Adieux d'Henri IV à Gabrielle d'Estrées, vus depuis le XIXème siècle...Tableau de Eugène Latil.
Oasis-de-Lettres, Posté le dimanche 23 janvier 2011 08:53
Ce personnage historique, que je ne connaissais pas, m'intrigue beaucoup ...
Ton intermède historique est très intéressant. :-D
Cette femme est morte très jeune, et dans d'horribles conditions à ce que je vois . :-S :-S
Bref, bravo pour cet article. ;-)