
Marie-Madeleine rêve sa vie future et s'imagine grande dame, riche, fêtée, et, par-dessus tout aimée. Le mariage organisé par son père avec Antoine Gobelin, bientôt marquis de Brinvilliers, ne lui apportera que le confort financier et ne comblera pas ses désirs. Ses deux passions profondes vont alors très vite trouver à s'incarner en deux hommes qui seront mêlés à toute sa vie : l'argent, en Pierre-Louis de Penautier, trésorier des états de Languedoc et homme d'affaires, et l'amour, en Jean-Baptiste de Sainte Croix, aventurier et alchimiste.
Dès lors, le destin de la marquise de Brinvilliers est tracé. Dépensant sans compter pour satisfaire ses goûts de luxe et encore plus ceux de son amant, se lançant dans des placements aventureux conseillés par Penautier, elle vivra des années brillantes sans cesser d'être au bord de la ruine. Prête à tout pour sauver des apparences qui lui tiennent lieu de bonheur, Marie-Madeleine ne saura pas arrêter l'enchaînement infernal qui la mènera jusqu'au crime.
"Vous voilà sauvée, Madame, ne pêchez plus. Je vous absoudrai encore au moment de votre mort, vous paraîtrez ainsi comme une enfant devant Notre Père."
Ma note : ★★★★★★★★★★
Mon avis :
Née dans une famille plutôt aisée du XVIIème siècle, Marie-Madeleine Dreux d'Aubray est la fille d'Antoine Dreux d'Aubray, seigneur d'Offémont et de Marie Olier. Elle ne connaîtra pas sa mère,qui meurt en couches à sa naissance, en 1630. Marie-Madeleine est une enfant étrange, vraisemblablement abusée par un maître de musique alors qu'elle a sept ou huit ans. Elle sera par la suite mariée, à un homme qui ne l'aime pas et qu'elle n'aime pas et s'entichera de celui qui provoquera, indirectement, sa chute : le chevalier de Sainte-Croix, alchimiste et aventurier à ses heures. Une véritable passion se noue entre eux et le chevalier acquiert une emprise particulièrement forte sur la belle et influençable marquise de Brinvilliers (elle l'est devenue par mariage). La suite, on la connaît. Pour rembourser des dettes dans lesquelles elle s'enfonce chaque jour un peu plus, Marie-Madeleine de Brinvilliers va d'abord supprimer son père, lieutenant civil du Châtelet de Paris puis ses deux frères...Il semblerait qu'elle ait tenté d'assassiner également sa soeur, mais sans succès cette fois...Marie-Madeleine d'Aubray sera condamnée à mort en 1676, alors que l'Affaire des Poisons, dans laquelle la maîtresse même du roi, Madame de Montespan, est impliquée, par une divineresse de Paris, Catherine Monvoisin dite La Voisin.
Ce livre, parfois, m'a fait pensé à Madame Bovary...J'ai retrouvé, dans le personnage de Marie-Madeleine, le même désespoir mais aussi, paradoxalement, même espérance que chez Emma Bovary, bien qu'elle n'aient toutes les deux pas les mêmes raison d'espérer ou non. On vibre avec Marie-Madeleine, espérant jusqu'au bout qu'elle s'en sorte. Si, au début, elle nous semble un peu méprisante, au fond, on s'attache vite au personnage et on espère jusqu'à la fin -très émouvante, d'ailleurs- qu'elle pourra se sauver...
J'ai eu du mal à accrocher au début et puis, quand Marie Madeleine s'enfonçe dans la spirale infernale des poisons et des complots, on finit par descendre avec elle et à espérer qu'elle s'en sorte, car, finalement, ce qui ressort de cette femme, avant sa force, c'est ses blessures d'enfance. On se rend compte que, sous sa carapace, Marie-Madeleine est une femme qui souffre et que son besoin d'amour la pousse à être exploitée par des hommes intéressés...La marquise de Brinvilliers, malgré l'horreur que ses crimes calculés peuvent faire naître en nous, lecteurs, se révèle touchante car on ressent chez elle beaucoup de fragilité et, paradoxalement, d'amour. Elle tue son père car il semble qu'elle n'ait pu trouver d'autres solutions, elle le tue avec la rage au coeur, la peine au coeur également, impuissante qu'elle est, dans son angoisse, de trouver une autre solution...Pour ces frères, par contre, on sent un véritable calcul, derrière, comme une haine latente de petite soeur qui veut se débarrasser de ses aînés. C'est assez particulier.
J'ai eu du mal à accrocher au début et puis, quand Marie Madeleine s'enfonçe dans la spirale infernale des poisons et des complots, on finit par descendre avec elle et à espérer qu'elle s'en sorte, car, finalement, ce qui ressort de cette femme, avant sa force, c'est ses blessures d'enfance. On se rend compte que, sous sa carapace, Marie-Madeleine est une femme qui souffre et que son besoin d'amour la pousse à être exploitée par des hommes intéressés...La marquise de Brinvilliers, malgré l'horreur que ses crimes calculés peuvent faire naître en nous, lecteurs, se révèle touchante car on ressent chez elle beaucoup de fragilité et, paradoxalement, d'amour. Elle tue son père car il semble qu'elle n'ait pu trouver d'autres solutions, elle le tue avec la rage au coeur, la peine au coeur également, impuissante qu'elle est, dans son angoisse, de trouver une autre solution...Pour ces frères, par contre, on sent un véritable calcul, derrière, comme une haine latente de petite soeur qui veut se débarrasser de ses aînés. C'est assez particulier.
L'ambiance du livre est assez malsaine. Catherine Hermary-Vieille ne porte jamais de jugement tranché sur son personnage, au contraire, malgré ses ignominies, on sent que l'auteure essaie de la comprendre...C'est difficile de comprendre une meurtrière et surtout, une parricide...mais l'auteure, on le se sent, se refuge à condamner les actes de Marie-Madeleine. Le personnage de la marquise est totalement élevé à son rang de personnage historique, Hermary-Vieille se contente de raconter sa vie. Il n'empêche que cette femme, empêtrée dans des soucis de toute sorte ne peut que susciter la pitié...
La Marquise des Ombres est un roman historique efficace et bien mené, que je conseille aux amateurs du genre.
En Bref :
Les + : une bonne intrigue et des personnages bien traités. Catherine Hermary-Vieille fait un travail historique remarquable en évitant de condamner ou d'apporter un quelconque jugement de valeur.
Les - : un début recelant quelques longeurs, peut-être.
Laureline, Posté le jeudi 01 décembre 2011 08:22
Je suis d'accord avec toi. C'est vrai que l'on ressent une multitude de choses pour cette femme. De la colère, de la pitié, de la compréhension... j'avais beaucoup aimé ce livre car justement il ne décrivait pas un personnage parfait mais vraiment torturé. J'ai également aimé tous les chapitres sur son procès.