
"A cette heure, elle était femme, superbe, désirable, et elle l'aimait sans doute, de très loin, du fond même de sa jeunesse."
Mon avis :
C'est la première fois qu'il est question, dans la saga, de ces pulsions animales qui poussent un homme au meurtre sans qu'il puisse même les réfréner C'est cela qui fait de La Bête Humaine est un roman particulièrement dérangeant. Il n'est jamais plaisant de prendre conscience qu'en chaque Homme sommeille une part incontrôlable qui peut s'éveiller ou non.
L'intrigue est franchement bien menée. L'idée est bonne, mais elle aurait pu être mal exploitée et alors, le roman aurait pu être raté. Mais ce n'est absolument pas le cas : non seulement l'idée est bonne mais elle est en plus particulièrement bien maîtrisée par Zola. On sent toute la recherche et la réflexion pour donner lieu à une histoire, un récit aussi abouti. On sent bien sûr la recherche au niveau de la technique -Zola s'attaque ici au transport ferroviaire qui connaît une expansion formidable au XIXème siècle- mais aussi de l'humain. Tous les personnages de Zola sont creusés, fouillés, dotés d'une psychologie bien particulière et bien différenciée par rapport à celles des autres personnages. Mais ici, on sent qu'il a fait un formidable travail sur ses personnages, qui ont une telle dimension, un tel relief. Aucun n'est plat ou falot...ils ont tous une personnalité complexe et particulière, qui empêche un peu le lecteur de les cerner. Cela participe aussi, je pense, au sentiment de malaise que l'on ressent en lisant ce livre.
Jacques, le héros, est un meurtrier malgré lui, parce qu'il ne peut réfréner ces pulsions qui le poussent à tuer. Au contraire, les Rouboud, mari et femme, deviennent complices dans le meurtre, un meurtre tout à fait réfléchi et prémédité. Flore, jeune gardienne de voies et cousine de Jacques, va se muer en meurtière par amour, parce qu'elle ne supporte pas d'avoir été trahie.
Tout tourne donc autour de l'amour et de la mort dans ce roman mais, en même temps, chez chaque personnage, on ressent la faille dans laquelle un peu d'humanité s'instille doucement. Peut-être ne sommes-nous pas totalement perdus ?
Le style de l'auteur est bien sûr, comme toujours, à la hauteur et on est emporté dans cette histoire noire, poisseuse, dérangeante. On ne peut s'arrêter qu'à la fin lorsqu'on commence.
Les + : une intrigue originale bien que très sombre et un style qui fait toute la différence.
StateOf-Grace, Posté le dimanche 10 novembre 2013 10:39
Mon premier Zola que j'ai lu en seconde, et j'ai vraiment aimer l'intrigue, les personnages et le décor de ce roman ! Il m'a donné envie de lire d'autres tomes de la grande saga d'Emile Zola !