
"Prêter serment, c'est mettre son âme en péril. Ne faites jamais un serment à moins d'être capables de mourir plutôt que de vous parjurer. "
Mon avis :
Pourtant, le pari était osé. Il est dur de captiver le lecteur non initié à l'édification d'une cathédrale au fin fond d'une province anglaise du XIIème siècle. Nous sommes dans la ville de Kingsbride, ville fictive perdue quelque part au centre de l'Angleterre actuelle. L'Angleterre est aux prises avec une crise dynastie sans précédent : le roi Guillaume le Conquérant est mort depuis longtemps, son fils Henri Ier Beauclerc, duc des Normands mais aussi roi d'Angleterre (son père a conquis le royaume en 1066 à la suite de la Bataille d'Hastings), vient lui aussi de décéder. Se déchirent alors deux camps, deux entités : Mathilde, sa fille, dite Mathilde l'Emperesse, qui revendique l'héritage de son père et Stephen ou Etienne de Blois, dit le roi Stephen, cousin de Mathilde et neveu de Henri Ier par sa mère Adèle, autre enfant du Conquérant.
C'est donc dans ce contexte passablement troublé que se déroule l'histoire des Piliers de la Terre, qui, rassurez-vous, n'est pas un pavé consacré exclusivement à la construction d'une cathédrale. Les personnages et l'Humain en général ont une grande place dans ce roman foisonnant mais jamais ennuyeux. Ces personnages se mêlent, s'entremêlent, qui soient issus des plus hautes sphères de la noblesse de l'époque, du clergé, du peuple, de l'artisanat (comme Tom le Bâtisseur et sa famille, qui vivent des chantiers religieux, en expansion à l'époque, que ce soit en Angleterre ou sur le continent).
Tous les personnages se retrouvent avec un intérêt commun au fil de l'histoire : Ellen, la sorcière, tombe amoureuse de Tom le Bâtisseur, qu'elle épouse. Elle a un jeune fils, Jack, qui n'a jamais eu de père et part à la recherche de ce dernier avant de tomber sous le charme de la belle Aliena de Shiring, fille du comte de Shiring déchu par les Hamleigh et qui a juré la perte de ces derniers, des parents comme du fils, William, qui devait l'épouser.
Les Piliers de la Terre n'est pas une histoire pleine de bons sentiments même si la fin ne finit pas si mal que ça. Toute la violence du XIIème siècle est restituée dans le roman. A l'époque, c'est par la force et la violence qu'on conquiert les trônes et qu'on s'y maintient. C'est par la force aussi que l'on mate les grands des royaumes, les grands barons en Angleterre, les ducs ou comtes, en France,qui se prennent pour des rois dans leurs provinces, souvent plus riches et prospères que le royaume en lui-même.
C'est une période de transition entre le Haut Moyen Âge et le Moyen Âge central, plus hiérarchisé et mieux connu de nous. Nous sommes aussi dans la pleine période du gothique, qui naît en France autour de Paris, Senlis, Orléans, Saint-Denis. Le royaume de France se pare de ces superbes cathédrales de verre, qui vont être progressivement importées vers l'Angleterre et faire de la cathédrale de Kingsbridge le premier lieu de culte gothique du pays.
Le style de l'auteur est particulièrement fluide et malgré le nombre de pages (plus de 1000, c'est presque insensé), on ne s'ennuie jamais. On reste passionné du début à la fin. On veut tellement savoir, tellement comprendre, qu'on s'y plonge et qu'on dévore les pages sans même s'en rendre compte. Personnellement, j'ai beaucoup hésité avant d'acheter ce livre et je ne regrette pas du tout de l'avoir lu.
En Bref :
Les + : une histoire romancée particulièrement bien menée, captivante du début à la fin.
Natacha, Posté le jeudi 19 décembre 2013 11:51
Un des prochains Ken Follett que j'achète ! hihi